dimanche 22 juin 2008

7 mai 2008 - Le fatalisme à la libanaise



Le 7 mai 2005.

"Yawm 3awdat el watan ilal watan". C'est ainsi que le slogan de retour du général Aoun retentissait à Beyrouth. Une odeur de jasmin dans la ville, et les coeurs des libanais gros d'espoir et de joie. Ce jour-là, j'étais dans un stade d'euphorie. On avait gagné notre révolution, les troupes syriennes étaient parties, je marchais dans les rues libres de la Béquaa et je passais mes soirées à discuter de tous mes rêves dans le camp de la Liberté. Le 7 mai 2005, j'étais dans l'organisation du CPL pour le retour du général. Comme d'autres jeunes, qui partageaient ou pas mes opinions politiques, je me retrouvais face à une croisée de chemins dont toutes les issues semblaient positives. Nous nous appretions à vivre nos premières élections législatives libres, et nous étions même très heureux de pouvoir discuter de programmes politiques différents. Des débats passionels, intenses et riches en arguments s'entrechoquaient, sans provoquer d'incidents (ou presque). Démocratiquement, le citoyen libanais conservait sa place de citoyen pionnier dans le monde arabe.

Honte à nous moutons aveugles!!!


Le 7 mai 2008


Aujourd'hui, Beyrouth n'est pas.

L'air noir a recouvert la ville, et les lignes de démarcation ont été réactivées. Une manifestation pour dénoncer le niveau de vie, piégée par la politique clanique. Que les demandes sont justes!!! Les prix des besoins primaires ont explosé, et le salaire minimum reste fixé à un niveau inacceptable.
Mais voilà le fatalisme à la libanaise: on ne croit jamais en une issue de gagnant-gagnant, on se fait des films, on se dit que c'est fini, ca ne va jamais marcher... Quoi qu'il arrive, nous arriverons à un clash inévitable. Le moment comique, c'est que tout le monde "biyendoub bi 7azzo" (maudit son sort). Alors que tout le monde reste derrière ses positions coincées des loyalistes et des opposants. Le pire, nous le retrouvons dans notre chère élite éduquée, intellectuelle, qui ne sort toujours pas de cette logique manichéenne.

"WEINIYYI EDDAWLIIII ????????????" (Où est l'Etat - expression anecdotique cf. S.L.CHI)

Et puis où est l'Etat un peu plus sérieusement? (il se fait des sous et recherche la vérité quelque part dans l'absurde néant des couloirs bondés de l'ONU)

Ils nous prennent pour des cons? (ouiiiii)

Tous? Sans exception??? (encore un grand ouiiiii)

Je zappe entre les différentes chaînes locales, avec un grand MUTE sur l'écran de ma télé. Je mets ma musique, et je tombe sur...

تصبحون على وطن

عندما يذهب الشهداء الى النوم أصحو
وأحرسهم من هواة الرِّثاء

أقول لهم :
تُصبحون على وطن،
من سحابٍ ومن شجرٍ،
من سراب وماء

أهنئُهُم بالسلامةِ من حادثِ المُستحيل
ومن قيمة المذبح الفائضة
وأسرقُ وقتَا لكي يسرقوني من الوقتِ.

هل كُلُنا شهداء؟

وأهمس :
يا أصدقائي اتركوا حائطاَ واحداً،
لحبال الغسيل،
اتركوا ليلةًَ للغناء

اُعلِّق أسماءكم أين شئتم فناموا قليلاً،
وناموا على سلم الكرمة الحامضة

لأحرس أحلامكم من خناجر حُراسكم
وانقلاب الكتاب على الأنبياء

وكونوا نشيد الذي لا نشيد له
عندما تذهبون إلى النوم هذا المساء

أقول لكم :
تصبحون على وطنٍ
حمّلوه على فرس راكضه

وأهمس :
يا أصدقائي لن تصبحوا مثلنا ...
حبل مشنقةٍ غامضه !

MAIS!!! Et il y a toujours un mais... Comme diraient tous les libanais: "3adé" ou "yalla méché el 7al" (ca va aller). Un genre particulier d'expressions anecdotiques refait toujours surface quelque part entre la tension et l'odeur des fleurs. La dolce vita libanaise vainquera. A bas les connards fatalistes qui prétendent que la solution viendra en "éliminant les autres". Je reviens à une photo optimiste, sortie en plein milieu de la guerre de 2006 (août). Espérant que les voyous trouveront du boulot et nous fouterons la paix avec leurs batailles de ruelles (les petits et les grands seigneurs voyous).

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