lundi 11 janvier 2010

Un homme à la main de fer et de mère libanaise au pouvoir en Guinée - Conakry: Sékouba Konaté


Les libanais sont fiers de certaines personnes d'origine libanaise mondialement connus: Shakira, Mika, Carlos Slim,  Ralph Nader, Carlos Ghosn etc... Mais ils n'ont vraisemblablement pas encore entendu parler de ce général de l'armée guinéenne:

Sékouba ibn Jeanette (Bahssoum) Konaté.

Il a été incorporé dans l’armée guinéenne en 1985. Après la formation commune de base (F.C.B), il est désigné pour aller suivre des cours d’officiers au Maroc à Mecknes d’où il a obtenu le brevet de chef de section entre1986-1988. En 1995, il est désigné de nouveau pour les cours d’Application en France à Montpellier. En 1996, il est encore désigné de nouveau pour les Cours du Brevet de chef de section Parachutiste à Pau en France et des cours d’entraînement du 1er degré à Mont Louis en France. Il poursuit sa carrière militaire et en 2007, il est désigné pour les cours supérieurs de guerre en Chine. De 2008 à 2009, il est Commandant du Bataillon Autonome des Troupes Aéroportées (le B.A.T.A. est connu pour ses graves violations des droits de l'homme, notamment les arrestations arbitraires, disparitions forcées, torture, et exécutions extrajudiciaires) avant d'être nommé au poste de ministre de la Défense par le CNDD (Conseil National pour la Démocratie et le Développement) dans le gouvernement intérimaire de Moussa Dadis Camara.

Le CNDD est cette junte constituée de généraux de l'armée guinéenne qui a pris le pouvoir suite à la mort du dictateur Lansana Conté en décembre 2008. Nous avons tous suivi l'espoir qu'avait suscité la mort du dictateur, mais avons été très rapidement déçu par la tournure des évènements. Alors que la société civile commençait à s'organiser de façon pacifique, les "forces vives" (coalition d'opposition démocratique) plaident pour l'établissement d'un agenda transitoire permettant des élections générales, libres, transparentes et démocratiques. Le 28 septembre dernier, lors d'un grand rassemblement populaire, une répression massive a fait plus de 150 morts et a laissé des centaines de blessés et des dizaines de femmes violées sauvagement dans les alentours du stade (par les bérets rouges de la garde présidentielle de Camara) où la foule s'était réunie.

"Au lendemain de ces événements, Sékouba Konaté avait pourtant ordonné l’arrestation de Aboubacar Sidiki Diakité dit "Toumba", considéré comme l’un des principaux responsables des massacres. L’ordre n’a pu être exécuté, Dadis s’étant interposé pour protéger son aide de camp. Celui-là même qui lui tirera une balle dans la tête, le 3 décembre." Toumba est en cavale aujourd'hui et Dadis au Maroc pour se faire soigner.

L'ironie a voulu que Sékouba Konaté (surnommé le Tigre) soit en déplacement à Beyrouth, le jour de la tentative d'assassinat du chef de la junte. Il avait même rencontré le général Sleiman qui lui aurait demandé: "chez vous, c’est comme ça ?"... Sékouba Konaté aurait quitté le Liban "la tête basse". (chez eux, c'est une balle dans la tête mais chez nous, c'est beaucoup plus classe n'est-ce-pas, des voitures piégées)

Konaté a profité de son séjour au Liban pour rencontrer Nabih Berri, lui-même natif d'Afrique (du Sierra Leone). Cette réunion a été "facilitée" par un homme d'affaire nommé Ali Saadi. Qui est ce Ali Saadi et quel était l'ordre du jour de la rencontre? Aucune information complémentaire n'est donnée et même à travers de recherches approfondies sur internet, aucun renseignement sur Ali Saadi... Hmmm... Il est très probable que les raisons de la rencontre soient d'ordre économique et plus particulièrement des bonnes affaires libano-africaines, généralement bien crapuleuses et extrêmement juteuses.

Quoi qu'il en soit, Konaté s'est engagé cette semaine "à initier le retour à un gouvernement civil et a annoncé qu'il faudrait au chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, encore du temps pour se rétablir après la tentative d'assassinat". Il a également rassuré ses concitoyens guinéens en affirmant qu'il ne s'accrocherait pas au pouvoir... Il se sera fait amasser une fortune entretemps, non?

Affaire à suivre...


Pour lire un peu sur les libanais d'Afrique: Entre la gloire et le cliché

mardi 5 janvier 2010

Kataëb, ou le parti qui n'est même pas passé au néo-fascisme

« Tout par l'État, rien hors de l'État, rien contre l'État! ».
Mussolini.



S'il existe encore un pays dans le monde, dans lequel un parti par définition fasciste existe sans surprise, c'est bien le mien... Mes compatriotes ne prennent jamais la peine d'étudier un peu plus en profondeur l'échiquier politique du moment. Ils ont tendance à oublier qu'ils sont eux-mêmes derrière la crédibilité de tel ou tel parti, qu'ils peuvent faire avancer la stratégie de leur parti, leur vision, leur programme etc... Et ils ne savent même pas ce que ça implique au niveau idéologique et politique, qu'appartenir à un parti phalangiste.


Non, rien à faire. En 2009, Kataëb existe encore. L'idéologie est morte, les mouvements d'extrême droite qui suivent l'idéologie sont qualifiés de néo-fascistes, mais le fascisme à la libanaise, celui créé du temps de mes grands-parents se poursuit. Quant au politique, il est libre au gré des alliances familiales et des rejetons aux Q.I. douteux.


Qui ne connait pas l'histoire de ce "grand" parti, crée par cet extraordinaire et avant-gardiste pharmacien ( Cheikh - personnalité reconnue par le commun des mortels venant d'une grande famille de collaborateurs ottomans) fasciné par la discipline des partis fascistes européens du moment. Les (vrais) annales de l'histoire, c'est-à-dire ce qui n'est pas mentionné sur le site internet du parti, décrivent le séjour du Grand Pierre à BERLIN-la-nazie,  en 1936, au moment des jeux olympiques. Là, au-delà de tout ce qu'on aurait pu imaginer, Pierre était vraisemblablement aux anges après avoir vu la délégation italienne de football et admiré la merveilleuse organisation des jeux olympiques par ces cinglés d'européens.  Par conséquent, cet esprit de grandeur, de pseudo-gloire et de délire collectif lui aurait insufflé la volonté de voir, dans notre petit pays d'où a émergé le nationalisme arabe (idéologie qui ne sert à rien), un semblant d'idéologie, (qui n'a servi à rien non plus) où famille, patrie, travail, seraient les trois mots d'ordre, tout comme ceux du Front National. Tiens, encore des chrétiens d'Orient qui pensent qu'ils sont en Europe! Vouloir ressembler aux gaillards qui ont mis l'Europe à feu et à sang, que dire, ce n'est pas très classe franchement.


Famille, patrie, travail, les jeunes Kataëb gardent encore aujourd'hui ce slogan, non pas comme un objet moisi par le temps, mais comme une grande merde, comme si 2009 ne voulait rien dire, et que les meilleurs valeurs qui puissent exister sont celles des années 30, lorsque les juifs étaient obligés de mettre une étoile sur leurs vêtements, puis étaient envoyés pour mourir atrocement dans des camps de concentration et dans des conditions inimaginables. C'était l'époque où des évènements tragiques comme l'Holocauste pouvaient encore se passer sans problèmes (Paradoxe de l'histoire, les meilleurs alliés locaux d'Israël sont ces mêmes fascites, mais chez nous, ils sont seulement fascistes à l'égard des méchants musulmans qui vont venir nous manger pendant notre sommeil, gentils les sionistes).


Les Kataëb ont ruiné des générations entières de jeunes, et que personne n'ose me dire que c'est grâce à eux que "nous", (à savoir, les chrétiens du Liban) sommes encore là. Marre du discours populiste, qui joue sur les sentiments des gens quand on leur parle de martyrs, de souffrances, et de sacrifices pour que vive le pays. Marre des jeunes d'aujourd'hui qui s'y rendent alors qu'ils ne savent pas qu'ils participent à une entité contre-productive et qui a prouvé qu'elle ne servait absolument à rien, sinon créer des dissidences internes, bien sûr entre cousins, cousines et même famille. Marre des jeunes qui vont aux MESSES POLITIQUES bénies par l'Eglise (14 septembre et j'en passe - ces messes sont carrément blasphématoires, on ne pense qu'aux  foules et qu'aux discours, on s'en fout royalement des martyrs, d'ailleurs il peut arriver que les discours soient de direction différente au gré des années). D'ailleurs, des élections ont lieu tous les ans au sein du parti, mais qui est député? toi ou Samy Gemayel? En fait, ça sert à ça l'hypocrisie fasciste: faire croire aux gens qu'ils sont , au fond d'eux-mêmes, démocrates. Et on parle de népotisme, c'est vraiment, un petit mot pour décrire ce qui se passe. Il faudrait revenir au Moyen-Age et au Féodalisme pour l'expliquer.



Revenons au moins aux définitions, le modèle social défini par le fascisme "cherche à créer un groupe uni et solidaire, qui ait une identité forte. Pour cela, il faut que cette collectivité partage une histoire et un destin communs et qu'elle se construise sur la volonté de perpétuer son ciment culturel. Il est donc primordial pour les fascistes de préserver l'homogénéité (ethnique, religieuse ou de classe) de cette collectivité nationale". Et, outre le caractère totalitaire du dirigeant (traduisons le titre du poste d'Amine Gemayel en français: le Président Supérieur, al-ra2iss al-2a3la), le fascisme cherche à "mobiliser des valeurs comme le patriotisme, les idéaux de « rénovation » nationale et de pureté. Croire, obéir, combattre deviennent des valeurs, analyser et critiquer de l'insubordination. Il est donc nécessaire de faire naître un sentiment d'urgence, de désigner un ennemi commun cherchant à détruire le collectif et contre lequel le groupe tout entier doit se mobiliser. Cette mobilisation permet de réprimer sévèrement toute contestation sans perdre la caution populaire. Il suffit de désigner l'homme à abattre comme « ennemi », « traître », « sous-homme ». Avant c'était les muslmans quels qu'ils soient et dans leur ensemble, maintenant c'est Michel Aoun. Frappante, très frappante cette définition du fascisme, on a l'impression de lire le programme des Kataëb... Mais, en ont-ils vraiment un? 


Un parti fascite a créé une milice, devinez, encore plus.... chtarbée au point de commettre les pires crimes de l'humanité et se rendre finalement aussi coupable que les autres qui eux, pourtant, c'était bien "eux, les autres qui avaient commencé avant!!!". Fascite au point de mettre en place une stratégie "d'unification du fusil chrétien", qui lui vaudra plusieurs milliers de morts, chrétiens de surcroît, puis de batailles fratricides qui nous ont moulé nos pieds à des tonnes de béton et nous ont jeté à la mer (fallait pas le dire?)...


Une histoire est particulièrement révélatrice à bien des niveaux: Un jeune de 14 ans dans les années 80 décide d'intégrer une milice puisque "tous ses potes y étaient" et que tout son entourage était dans ce cercle kataëbo-conservateur de la chiasse société. Entraînement dur, camps quasi-militaires où le gamin pense jouer,  il court, il tire, il tue des méchants qui allaient venir le manger vivant, (qui ont son âge) et commence doucement à se droguer. Hashish (si ça s'arrêtait là "noss msibeh"), cocaïne à 15 ans, héroïne à 16, cachets de calmants et de LSD à gogo avec le temps. Aujourd'hui, c'est un homme cassé, peureux, dépressif, misanthrope. Traumatisé par ses actions durant la guerre, personne de ses anciens compagnons de lutte (laquelle) n'est venu l'aider. Ça se voit, il sait qu'il a gâché sa vie, et en plus, il est accro à l'héroïne, qu'il avait gratis (faut le dire) auparavant.


Sélim El Sayegh, qui a eu la brillante idée d'évoluer dans le milieu universitaire parisien pendant tout ce temps, l'un des rares cerveaux phalangistes (c'est parce qu'il n'était pas sur place?), avait pourtant bien dit un jour en cours que le travail de mémoire était indispensable. Evidemment. Sauf que si on l'avait fait, Kataëb n'existerait plus, ils auraient trop honte. Surtout de Karim Pakradouni qui semble se balader encore à Saïfi avec ses valises pleines de cash irakien de chez son ami Saddam. Ou bien de leur progéniture Forces Libanaises qui étaient illuminés par leur rationalisme et leur rigueur  et qui étaient plus fascistes que les fascistes (Je vous rassure, de tous leurs plans, ils n'ont rien réussi, à part le trafic de drogues et d'armes bien entendu).


Voulons-nous nous rappeler du lendemain de Taëf, où Amine Gemayel dénonçait (à juste titre sans doute) l'adhésion de son propre parti aux accords (c'est rigolo tout de même), et la participation du chef du parti Georges Saadé au premier gouvernement Taëf en tant que ministre des télécoms? (genre: télécom, parle au moins au mec à qui tu as piqué le parti avant de décider, c'est bien le parti de la famille Gemayel et pas celui des Saadé grrrrr c'est à mon papa, pas au tien).


Un bon paquet de ce que j'ai décris appartient à l'histoire. Ce ne sera pas à moi de faire ce travail de mémoire avec mes amis dans des cafés parisiens, même si ça nous arrive de faire de longs retours en arrière, histoire de mieux comprendre comment on tombe de si-haut lorsqu'on est désillusionnés. L'important dans tout ça, en dépit des crimes restés sans justice, effacés de nos mémoire collectives, en dépit des souffrances corporelles et psychologiques infligées à cause de ce genre d'idéologie, de parti, et de personnes complètement perverses, c'est que les citoyens réalisent qu'avec un parti qui date des années 30, ils ne peuvent pas aller bien loin.


Alors, pour chercher une construction positive, je propose aux phalangos, de dissoudre ce parti et d'en créer un autre. Ça serait tout à leur honneur, changer de doctrine, de stratégie, de programme, et surtout, le plus important, de NOM... Peut-être les enfants ne seront pas obligés de suivre leurs parents dans le même parti depuis 4 générations? J'en profite par la même occasion pour élargir cette suggestion à tous les partis qui ont existé et ont joué un rôle entre 1975 et 1990 (Mais pour le PNL - Chamoun - c'est même pas la peine, il a déjà disparu).


Last but not least: le fasciste accepte et aime la vie, dixit Mussolini... Comme quoi, avis aux Kataëb et autres 14 mars incipides et sans intérêt, faut toujours faire gaffe aux slogans DEBILES.




Rectificatif : Le sloglan phalango est pire que je ne le pensais. Ce n'est pas "Famille, patrie, travail" mais "Dieu, famille, patrie". Je me passe de commentaires!