vendredi 9 janvier 2009

L'insoutenable légèreté de la jeunesse dorée libanaise

La crise humanitaire à Gaza s'intensifie de jour en jour, mais cela ne semble guère perturber les habitudes fêtardes de la jeunesse dorée libanaise. De Beyrouth, la blogueuse Marina nous livre ses réflexions sur la joyeuse indifférence de ses jeunes compatriotes.

Ces dernières semaines ont vu l'offensive israélienne la plus violente sur la bande de Gaza. La crise humanitaire est honteuse: manque en pétrole,en matières premières, plus de pain, de médicaments, 4 heures d'électricité par jour... Des pommiers contre des oliviers. Un conflit de plus dans cette région, que les mots sont bien loin de décrire justement. Un conflit de plus, peut-être un conflit de trop, et des centaines de morts innocents.

Mais, dans quelques quartiers de Beyrouth, qui s'en fout?! Le week-end est là, et qui a envie de discuter de guerre et politique un lundi/mardi/mercredi/jeudi/vendredi/samedi/dimanche soir à Gemmaysé? C'est toujours l'occasion d'aller danser, boire, porter de super fringues dignes des plus grandes boîtes de nuit parisiennes, et surtout dépenser le budget minimum hebdomadaire de survie d'une famille à Beyrouth : 50 à 100 $.

Flashback: 2005, les tentes, l'indépendance, les manifs, le rêve. La jeunesse dorée s'est mêlée à la foule, a mûri et s'est développée une certaine conscience politique et surtout, une citoyenneté sans précédent.

Juillet 2006, et la jeunesse dorée se prélassait au soleil et passait des soirées de folies dans la montagne libanaise. Et qui n'a pas vu ces reportages qui en parlaient? Comme une plaie dans un pays qui mourrait déjà sous les bombes, ces jeunes n'ont pas compris l'envergure que pouvait avoir leur envie de passer un bon été malgré toutes les merdes. Il faut quand même avouer qu'ils ont pu aider à leur façon les réfugiés: aide alimentaire, ouverture des écoles de leurs régions, mais généralement, aide financière aux organismes de gestion de crise.

Comme si la guerre se passait dans un autre pays, sur un autre continent, à l'autre bout du monde. Ce manque de patriotisme, pire encore, ce manque de citoyenneté, m'a plongée dans un état de tristesse grave, alors que je faisais ce que je pouvais pour aider des personnes en détresse, quelles que soient leurs origines.

Aujourd'hui, le monde les a moqués, les moquent encore et toujours, avec leurs airs de snobs inconscients des problèmes de leur région et ils s'en foutent toujours.

Parfois, je m'efforce aussi de m'en foutre, lâcher, oublier et vivre comme si je ne voulais même pas savoir ce qui se passe dans mon pays. Les Européens ont du mal à comprendre ce fardeau dans la vie des jeunes du Moyen-Orient. Un insupportable fardeau que d'entendre, tous les jours: explosion, bombe, gouvernement légitime ou légal, nouvelles de merde. Quand tout semble s'effondrer autour de nous... Le ciel qui tombe sur nos têtes...

Comment faire sinon pour vivre malgré le poids des conflits et les guerres? Comment faire pour voter et avoir une opinion politique? Avoir l'opportunité de faire partie de cette jeunesse dorée n'est qu'une porte de sortie facile au dilemme existentiel qui frappe la jeunesse libanaise.

S'en foutre, pour RESPIRER.... Parce que les moins chanceux devront rester dans leurs carcans respectifs et ne jamais pouvoir en sortir... D'autres se dirigeront vers d'autres pays pour ne jamais revenir s'installer ici... Les fils des politiciens seront des politiciens, et les grandes puissances de la région vont inlassablement continuer de décider de notre sort.

Comme nos parents, ex-jeunesse dorée de 1975, qui ont survécu à 15 ans de guerre, je suis sûre que mes compatriotes de ma génération pourront survivre à autant de violences en se coupant de cette réalité, en skiant avant des élections législatives compromettantes, en nageant dans ces piscines tout près de la mer Noire souillée par les bombardements israéliens de 2006, en allant ouvrir des bouteilles de champagne dans la montagne alors que des milliers manquent d'eau.

C'est comme ça.

Cette échappatoire, consciente ou pas, fait partie de l'équilibre psychologique de tout un peuple. Appelez ce peuple à votre façon: névrosé, insensible, guerrier, têtu, ou juste aimant la vie.

La jeunesse dorée s'enfuit de tout sentiment qui puisse la relier à sa mémoire collective de guerre, mort, et de politique négative. Elle regardera les violences des universités locales d'un ton hautain en se demandant où sortir ce soir. Elle verra les élections et se permettera de montrer qu'elle est impliquée et qu'elle a toujours raison. En temps de conflits, elle s'éclipsera et formera un cocon protégé de partout où tout sera possible, sauf vivre le désespoir et la désillusion. Elle constituera une bulle d'oxygène dans un pays bai*é de partout. Quant aux conflits dans d'autres pays de la région, on peut rêver qu'elle ait envie de savoir combien de gens souffrent. Elle pourra être répugnante, dégoûtante, par son non-engagement elle fera du mal à des réfugiés qui pourront avoir besoin d'elle, mais elle ne dira jamais non si on réussit à la percer.

Personne ne peut s'attendre à plus de la jeunesse dorée, et personne ne peut lui reprocher d'être ce qu'elle est.

mercredi 7 janvier 2009

Zionism is racism

Au début du XXème siècle, mon village d'origine, Deir El Kamar, comptait plus de 100 familles juives. Elles étaient de tous temps là, vivaient tranquilement dans la montagne, entourées de chrétiens et de musulmans. La voisine de ma grande-tante, décédée il y a quelques années, était une des dernières rescapées de ce passé commun. Ca ne m'étonnerait pas qu'on vienne me dire que mes ancêtres étaient juifs. Et que par cette même logique les ancêtres des palestiniens d'aujourd'huis sont évidemment des juifs!


Visiblement et historiquement, la communauté a commencé à se fragiliser dans les années 60. La création de l'Etat d'Israël ne semblait pas les toucher particulièrement en 1948. Ils étaient fiers d'être libanais. Mais plus encore, ils n'avaient jamais quitté leur terre, le pays de Canaan, la terre promise. Pour eux, ils y étaient. Quelques heures de route les séparaient de Jérusalem et de la Galilée, et aucun intérêt d'y vivre puisque tout le commerce proche-oriental florissait à Beyrouth après l'apogée de Deir El Kamar.


La première raison de leur réduction en nombre est la vague migratoire libanaise: une tradition depuis le XIXème siècle. Tous les jeunes essaient de nouveaux horizons: Etats-Unis, France, Canada, Australie, Brésil, Argentine, etc... Forcément, les jeunes juifs ne sortent pas des règles de notre société. Ensuite, la raison fondamentale de leur émigration est la guerre de 1967.


La cuisante défaite arabe n'a plus permis à la communauté israélite de se sentir protégée à Beyrouth. C'est pourquoi la majorité des familles ont préféré quitter le pays avant qu'il ne devienne une scène de bataille imminente. Des mouvements nasséristes et post-nasséristes ont vu le jour au Liban. L'opinion publique devenait de plus en plus consciente des faits et méfaits de la création de l'Etat d'Israël: la destruction de villages palestiniens, la disparition de villages entiers et la construction de tous nouveaux à la place de l'ancien ou même ailleurs. Les oliviers ont été déracinés pour planter à leur place des pommiers. Plusieurs centaines de milliers de réfugiers, et les gens étaient obligés de comprendre la douleur des juifs après l'Holocauste. Il ne fallut pas longtemps pour assimiler les crimes contre l'humanité à cette religion qui est fière de commettre ce qu'elle était en train de commettre. Les personnes qui agissent pour leur religion: Ben Gourion, Dayan et autres ont englobé tous les juifs dans leurs actions. Comme si Dieu avait oublié ses commandements et était satisfait des actions de son peuple élu.


Du coup, les juifs du Liban ont dû porter cette croix, même s'ils ont refusé de se rendre en Israël, eux, les premiers anti-sionistes. Une absurdité de l'histoire, cet Etat, dirent-ils.


En 1975, les plusieurs centaines qui restaient dans le pays ont fui la guerre. Non seulement n'étaient-ils pas une partie belligérante, mais ils n'étaient même pas sur l'échiquier politique et sécuritaire! Jusqu'au jour où, en 1982, 8 juifs furent kidnappés et lâchement assassinés.


Aujourd'hui, ceux qui restent suivent le principe de la Takia: changement de religion sur leur état civil, et de toutes façons un nom de famille complètement intégré dans la mosaïque des noms de famille libanaises. Seule une pauvre dame qui n'a plus personne, Lisa Srour, proclame sa religion haut et fort, mais c'est juste pour attirer les médias et avoir, en échange de son témoignage, de quoi vivre ou survivre.


Imaginons que les maronites voudraient créer un Etat maronite parce qu'ils croient que leur salvation viendra avec. Comment le monde le verra-t-il ? Les maronites ont toujours été persécutés, mais les maronites ont gardé leur terre malgré tout. Et ont su, tant bien que mal, coexister avec d'autres. Pourquoi ça devrait être le problème du monde entier si ces juifs-là n'ont pas su résister à l'oppression des romains et s'ils ne savent pas vivre dans une société multiconfesionnelle?

Pourquoi c'est mon problème à moi si une jeune israélienne de mon âge ne sait pas vivre dans un environnement multiculturel et une société hétérogène?

Pourquoi ça ne me pose pas de problème à moi de vivre avec Ahmad mais elle si? Pourquoi elle croit que tous les Ahmad étaient, sont et seront toujours des terroristes? Que tous les arabes sont des monstres? Que les falashas ne sont pas de vrais juifs parce qu'ils sont blacks?

Comment ça se fait que les juifs d'ici ont toujours et depuis des siècles vécu en harmonie complète avec toutes les autres confessions de la région mais que l'Etat d'Israël a tout foutu en l'air?


L'Holocauste, dîtes-vous?

Je suis loin d'être négationniste et là j'aimerais dire qu'ils n'auraient jamais dû s'installer en Europe! Pourquoi les juifs du Liban ne sont jamais partis?

Et pourquoi les autres n'ont jamais tiré les bonnes leçons de l'Holocauste? Le monde entier les soutient et les comprends. Je les comprends et les soutient. Mais jamais pour commettre des crimes qui dépassent de loin des atrocités qui ont - heureusement - été délimitées par le temps. Pas qui durent depuis plus de 70 ans!! Doucement mais surement, épuration éthnique, décimage de population, citoyens de seconde classe.


Cela fait 60 ans que ça dure officiellement. Et aujourd'hui c'est encore loin d'être terminé. Encore un peu et les palestiniens de Gaza vont devoir attacher une étoile à leurs habits quand ils veulent sortir. Pour les chrétiens vous croyez que ça peut aller sans étoile? Ils sont moins bruns non?

samedi 3 janvier 2009

Le plus grand camp de concentration au monde.

Gaza.

S'abattre sur un petit lopin de terre comme un ouragan et niquer les infrastructures sans aucune résistance sérieuse s'appelle UNE GUERRE.

1 400 000 personnes dans 360 km². Après les tracts jetés des avions israéliens ce matin, on a du mal à voir comment on leur demande de sortir de leurs maisons... POUR ALLER OU ???

A l'intérieur, s'il y a encore des maisons, elles n'ont plus de fenêtres. Et si elles ont encore des fenêtres, leurs habitants essaient de trouver du pain. D'ailleurs, il fait très froid en ce moment dans la région et l'électricité ne vient que 4 heures sur 24. Et une femme de Sderot ose faire un discours à l'ONU pour dire qu'elle s'inquiète pour son enfant.

Quel scandale! des 450 morts, plus de 100 sont des enfants. Le sentiment maternel ne lui a donc rien appris? Aucun sens de compassion? La haine naît à partir de la haine. Et la haine tue la modération.

C'est avec cette logique que j'ai honte de dire qu'un jour j'avais cru à la paix avec cet Etat. J'ai honte d'avoir pu imaginer que le sang pouvait être lavé de ses mains pour pouvoir vivre en coexistance. Si l'Etat d'Israël croyait qu'il pouvait compter sur des voix libres, libérales et pacifiques dans le monde arabe, je lui dis de se mettre le doigt dans l'oeil.

Moi, jeune libanaise de 23 ans, ne comprendra jamais cette disproportionnalité, et ne sera jamais modérée quand la discussion se tournera sur le conflit israélo-arabe. Je pourrais mourir aujourd'hui si j'était palestinienne à Gaza... "A 23-year-old girl killed in Israeli bombings in Juhr El dik town mid of Gaza. Five injured." . Est-ce qu'une israélienne a envie de penser à ça? Ou la seule imagination qu'elle peut faire c'est d'être sa grand-mère en Allemagne en 1939?


Le pire, est que dans ce monde orwellien, on oublie qui a commencé. Malgré mon principe qu'on s'en fout de qui à commencer avant qui, et que l'important est l'état des choses où nous sommes arrivés, il faut bien se rappeller ce fait: Le 4 novembre dernier, 6 membres du Hamas ont été tués par un raid israélien à Gaza. Une opération terrestre qui a officiellement cassé la trêve. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est The Guardian.

J'écris, pour l'histoire. Je ne suis pas quelqu'un d'important et je n'écris pas toujours super bien mais je veux que mes pensées soient protégées quelque part.

Comment faire sinon, lorsqu'on voit cette injustice, cette épuration ethnique, ce grand camp de concentration qu'est Gaza et qu'on tue sa population chaque 2-3 ans pour empêcher une trop grande croissance.

Où sont les leçons d'humanité? L'holocauste n'aura-t-il servi qu'à créer l'Etat d'Israël?? Aucune leçon de droits de l'homme??? Je comparerais avec les camps de concentration parce que les résultats sont encore plus graves. Au vu et au su de tous, il se passe des crimes contre l'humanité. Les images nous arrivent chaque seconde avec les nouvelles technologies. Et pourtant, rien n'est fait. Le silence de la communauté internationale jette un froid dans le dos. Qui a cru dans le droit international public? Qui a cru au devoir d'assistance internationale?

Ya 3alam, plus Israël va poursuivre ce genre d'action, et plus les arabes vont la détester!! Et plus les fous de l'autre côté de la frontière vont croire que les libanais sont tous des monstres hideux!

Et moi je suis un monstre arabe qui va venir manger les petits israéliens!!!

En attendant d'être tuée dans un bombardement lâche venu de plusieurs dizaines de km mais on s'en fout parce que je ne suis pas israélienne, je vous conseille de voir la vidéo sur cette page.

vendredi 2 janvier 2009

2008 - 2009

Je ne sais jamais par où commencer...

Entre mes posts/méditations, plusieurs mois passent ou quelques jours, et je ne sais jamais pr où commencer... J'ai envie d'écrire, je me mets devant l'écran à me dire: ça y est, il faut que j'écrive sur ça, et ça, et ça et ça et çaaaaa!! Mais au final, le résultat est toujours bien différent de ce que j'avais imaginé.


Et je sais que je ne suis pas la seule à me perdre dans ces raisonnements existentiels..

L'impact de la politique sur ma vie?

Les conséquences de la guerre sur la société?

L'assassinat de mon prof? Les conflits? Les blogs et les jeunes? Les disputes dans les universités? L'élection de

La visite de Michel Aoun en Syrie, les débiles qui réagissent de façon scandaleuse? L'amnésie des libanais au point d'avoir oublié qu'ils étaient eux-même des pions syriens???

MAIS PAR OU COMMENCER MERDEEEEEEEEEEE...

Les embouteillages? L'ABC et le consumérisme des jeunes tellement frustrés qu'ils croient que c'est cool de faire des accidents de voiture à 4h du matin?

  • YASA et les campagnes d'éveil sur le code de la route: no drinking no driving et statistiques... Les icônes religieuses protègent-elles?

  • L'interaction entre les blogs syriens et le manque de communication entre les blogs libanais...

  • Le temps de découvrir les nouveautés des blogs de la région...


Et quelle année 2008!! Certainement la plus chargée de ma vie: dernière année de fac, première année de travail, entrée direct dans le monde des ONG en tant que coordinatrice de projet, rencontre incroyable dans une ville trop moche, et deux pays nouvellement visités. 2009 ne s'annonce pas plus calme, mais je suis prête à relever tous les défis!!!

Y en a marre des analyses et des postes lourds pour un moment...

Mais....

Triste pensée pour Gaza.

Michel Kilo: Damas fait la sourde oreille

Décevant les espoirs de Nicolas Sarkozy, les autorités syriennes ont choisi d'ignorer le discret plaidoyer du conseiller diplomatique de l'Elysée Jean-David Lévitte, lors de sa visite à Damas à la mi-décembre, en faveur de la libération de l'intellectuel francophone Michel Kilo, emprisonné en Syrie depuis le 14 mai 2006.


L'Express.fr

Par Marc Epstein, publié le 02/01/2009 12:00