mercredi 19 janvier 2011

L'hymne de la révolution

(wikipédia):



Humat Al-Hima (حماة الحمى), signifiant Défenseurs de la patrie, est l'hymne national de la Tunisie depuis le 12 novembre 1987.
Avant cette date, on le connaît comme l'« hymne de la révolution » qui est notamment chanté lors des congrès et réunions du Néo-Destour.
Ce chant est écrit dans les années 1930 par le poète d'origine syrienne et de naissance égyptienne Mustafa Sadiq Al-Rafi'i. Certaines sources1attribuent la composition musicale à l'égyptien Mohammed Abdel Wahab mais le maestro Salah El Mahdi affirme que la mélodie tunisienne a été composée par le poète Ahmed Kheireddine et que la musique originale est l'œuvre de l'Égyptien Zakaria Ahmad2, ce que confirment d'autres sources3.
Deux vers du célèbre poème La volonté de vivre d'Abou el Kacem Chebbi ont été ajoutés à la fin du texte (« Lorsqu'un jour le peuple veut vivre... »)4. Salah El Mahdi indique que cet ajout est l'œuvre du nationaliste Mongi Slim en juin 1955.
Humat Al-Hima est utilisé provisoirement comme hymne national entre la chute de la monarchie le 25 juillet 1957 et l'adoption d'Ala Khallidicomme hymne officiel le 20 mars 1958. Après le coup d'État du 7 novembre 1987, il remplace Ala Khallidi comme hymne national.


Ala Khallidi comportant un vers louant Habib Bourguiba comme "za3im al-watan", le nouveau régime de Ben Ali s'était retranché vers un hymne bien connu de la population. Il ne savait pas que c'est ce même hymne qui allait lui faciliter sa chute, soudant les manifestants et renforçant les rangs. Il ne peut y avoir de vers plus clairs que ceux de Abou El Kacem El Chebbi, retrouvés à la fin du texte (qu'on retrouve notamment dans une chanson de Latifa), pour faire parvenir ce message universel. 


Paroles de Humat al-hima:


حماة الحمى يا حماة الحمى
هلموا هلموا لمجد الزمــن
لقد صرخت في عروقنا الدما
نموت نموت و يحيا الوطن

لتدو السماوات برعدها
لترم الصواعق نيرانها
إلى عز تونس إلى مجدها
رجال البلاد و شبانها
فلا عاش في تونس من خانها
ولا عاش من ليس من جندها
نموت و نحيا على عهدها
حياة الكرام و موت العظام

ورثنا السواعد بين الأمم
صخورا صخورا كهذا البناء
سواعد يهتز فوقها العلم
نباهي به و يباهي بنا
و فيها كفا للعلى والهمم
و فيها ضمان لنيل المنى
و فيها لأعداء تونس نقم
و فيها لمن سالمونا السلام

إذا الشعب يوما أراد الحياة
فلا بدّ أن يستجيب القدر
ولا بد لليل أن ينجلي
ولا بد للقيد أن ينكســر

"Lorsqu'un peuple veut la vie
Force est au destin de répondre
Aux ténèbres de se dissiper 
Aux chaînes de se rompre"

La version officielle est certes celle que tout patriote se doit de respecter. Mais des conditions particulières peuvent tolérer des versions alternatives de la mélodie (comme au Liban en 2005 avec Ragheb Alameh). Alors, voici une version reggae de Humat al-huma de Bendir Man: 


mercredi 12 janvier 2011

La révolution du Jasmin, pour une Tunisie post-Ben Ali

Cela fait un mois que la Tunisie brûle. Un mois que les tunisiens prouvent, jour après jour, que malgré leur réputation de peureux, ils sont bien capables d'aller bien plus loin que nous dans leur détermination pour dénoncer le régime dans lequel ils vivent.

Plus de 50 morts sont à déplorer suite à des affrontements qui ont suivi l'action d'un seul un homme, miné par le système, qui s'est volontairement immolé en face de la préfecture de Sidi Bou Zid... Les manifestations sont très violemment réprimées par les forces de l'ordre. Ces dernières n'hésitent pas à user de tirs à balles réelles sur les manifestants. Non sur les jambes, mais sur le thorax et la tête, comme en témoigne une vidéo particulièrement choquante.

Ce blog a existé pour déverser mes opinions, mes états d'âme, mes humeurs qui dépendent du moment et des situations. Lancé en juin 2005, l'idée centrale tourne autour de cette phrase célèbre : "quand j'entends le mot revolver, je sors mon stylo". Pour la non-violence, pour les actions pacifiques, pour pousser l'histoire dans un autre sens que le mainstream et le politiquement correct et réfléchir aux évènements d'une façon différente. J'ai jamais eu d'objectif particulier en ce qui concerne les lecteurs du blog, ça n'a jamais été une priorité pour moi. J'écris pour le plaisir personnel d'écrire. J'estime que ceux qui essaient de rédiger "académiquement" ce qui ressemble aujourd'hui de plus en plus à de la propagande sont déjà diamétralement opposés à ce que j'écris ici. Je l'assume fièrement.

L'odeur du jasmin à Beyrouth pousse à l'éclosion des bourgeons à Damas. Mais en Tunisie, la révolte du jasmin n'a attendu personne, même s'il a fallu attendre 23 ans de règne de Ben Ali pour observer clairement et non écouter en catimini le désarroi des tunisiens face à la situation socio-économique et politique. La révolte du jasmin est venue comme un coup inattendu, non seulement en Tunisie-même et pour les tunisiens au pays ou dans la diaspora, mais pour nous, arabes voisins, le monde entier et la diplomatie internationale.

Les tunisiens n'attendent pas le soutien des puissances étrangères. Avec trois ministres français qui proposent d'apporter leur soutien aux forces de l'ordre pour rétablir pacifiquement l'ordre, et la ministre de l'UE pour les affaires étrangères dont nous attendons à ce jour ce qu'elle pense de ce qui se passe du pays qui touche la pointe de la Sicile. Les USA ont attendu un mois pour se décider à dénoncer la répression et les violations des droits de l'homme... Certainement, on hésite à lâcher le soutien à Ben Ali, pour des raisons qui sont concrètement infondées et loin de la réalité du terrain. La menace islamiste n'en est pas une en Tunisie, ce sont les petites boîtes de conseil parisiennes qui exagèrent ce genre de propos, pour mieux vendre ou pour mieux soutenir une certaine ligne politique et des intérêts économiques français en Tunisie. Bon, mais dernièrement, on a une très bonne idée du niveau de l'intelligence française. BREF !

Samir aurait certainement écrit à propos de ce qui se passe en ce moment. Il aurait apporté son soutien, il aurait exhorté les intellectuels arabes à sortir de leur silence qui tue pour soutenir la cause de nos pays libres. Sans lui, j'ai l'impression que le monde arabe est orphelin d'un facilitateur ou rassembleur d'intellectuels connus pour dénoncer toutes les injustices qui ont lieu aujourd'hui à Tunis.

Les intellectuels arabes sont les premiers absents je trouve, avant même le soutien de l'ancien pays des droits de l'homme. Et quelle est grande cette douleur, cette plaie qui ne nous aide pas à être plus indépendants face aux intérêts étrangers. Un soutien des pays qui nous entoure est toujours une carte importante à faire valoir face à ceux qui jouent sur des sanctions par exemple ou autres. La Tunisie n'a pas vu de sanctions, alors que la Syrie a failli s'écrouler économiquement. Ben Ali ne sera pas autant traîné dans la boue qu'Ahmadinejad, alors que ses élections sont clairement plus "anti-démocratiques" que ce dernier. Qu'importe ! Qu'importe....

Réveillez-vous, pour l'éclosion des bourgeons dans nos pays arabes. Pour la liberté, pour la démocratie, pour les décisions souveraines, pour la solidarité entre sociétés civiles et résistants face à l'oppression dans les pays du jasmin !!