mercredi 2 septembre 2009

Beyrouth, Beyrouth, Beyrouth

Cet été, tout le monde s'est empressé vers toi, pour te maudire encore plus, ou te lever jusqu'au niveau des étoiles. Au rythme des soirées endiablées au Skybar, ou des inoubliables verres au bar du Godot et Torino, ou même au rythme d'Oum Koulthoum au Baromètre, il y en a décidément à Beyrouth, pour tous les goûts et toutes les couleurs. Capitale de tous les excès, a déclaré l'AFP, le 17 août, près d'un mois avant le début des jeux de la francophonie. Nuits blanches, champagne, et paillettes, Beyrouth reprends dignement (ou indignement) son r ôle de provocatrice dans le monde arabe. Même CNN a produit une série de reportages confirmant la tendance: Beyrouth est huppée, chic, ouverte aux valets parking des yachts au très célèbre restaurant-bar de La Plage, juste en face du Vendôme Intercontinental, à Ain El Mraissé.

Ma "Best Party City" de l'été 2009 dans le monde est en train de rocker au plus haut niveau, et moi, j'adore! (Même si je n'adhère pas à ce rythme effréné de soirées)

Beyrouth, as-tu vu l'extase de tes riverains lorsque tu as été déclarée "Destination n°1" selon le New York Times? La presse française en a aussi remis une couche, c'était dans lexpress.fr et l'article était délicieux!

Mais la classe ne s'arrête pas là!!! Les festivals internationaux ultra réussis étaient de mise: Beiteddine et sa magie incomparable, Baalbeck et c'est toujours sans commentaires autant c'est grandiose, Byblos, et ce podium juste à c ôté des ruines de l'ancienne ville fortifiée... Deep purple, Charles Aznavour, Laureena McKeenit, il faut aller visiter tous ces sites internet, pour mieux apprécier le niveau des artistes et des reproductions. A part Gad El Maleh qui n'a pas eu le sens de l'humour nécessaire, et qui a malheureusement décidé d'annuler ses spectacles à cause d'une article trop naze, tout s'est quand même très bien passé. Les DJs se suivent sur les plages, dans les boîtes... Et Snoop Dog n'a pas hésité une seconde à venir faire la fête avec nous.

L'été de toutes les folies, de tous les excès, c'était bien l'été de 2009. Et dire que je l'attendais depuis l'été 2005.

Il reste deux sujets qui nous laissent perplexes: le problème des domestiques qui n'ont pas le droit de se baigner dans les plages de riches, et le problème des mariages fastueux au risque d'endetter les couples heureux, et leurs parents, pour quelques années... Je pense que, grosso modo, c'est tout le site Internet de nowlebanon.com (usine de propagande) qui pose problème et qui nous laissent perplexes.

Mais bon, ce n'est pas tout!!!

Cet été, la société civile a médiatisé une proposition de loi sur le mariage civil facultatif au Liban sur laquelle elle travaillait depuis quelques années et un observatoire du parlement libanais a été mis sur de bonnes roues après les dernières élections...

Cet été, à part la fête, il y a eu un précédent jurisprudentiel pour donner la nationalité aux enfants nés de mère libanaise et de père étranger. Quelle histoire émouvante, celle de Samira Soueidan, fière et courageuse, qui a durement combattu pour que ses enfants puissent avoir la nationalité libanaise. Un pas énorme a été fait pour avancer la réforme de cette loi injuste et archaïque.

Et enfin, cet été, le Conseil Juif Libanais a décidé de rénover la synagogue de Beyrouth, Maghen Abraham. Une leçon est donnée: ce n'est pas la religion qui pose problème, c'est cet Etat. Quoi qu'il en soit, les premières images de notre synagogue libanaise sont bien émouvantes, et nous laissent rêver quant au retour (même symbolique) de cette communauté meurtrie, comme toutes les autres communautés d'ailleurs, à cause de la guerre.

Tout ça, en trois mois... Et plus, puisque Beyrouth est la capitale mondiale du livre pour 2009 choisie par l'UNESCO... Voilà la preuve que Beyrouth est encore LA ville qui faire battre le coeur culturel du monde arabe, qui chante et qui sait vivre malgré tous les problèmes, qui se redresse sans jamais avoir froid au pieds, en gardant bien fermes ses racines et ses aspirations. Tu sors de l'ordinaire et tu provoques, par ta sexualité, par ton ouverture, par ton amour pour les arts, la culture, et la bonne vie.

Cet été, tu as donné une leçon au monde entier.

Beyrouth, je t'aime.