mercredi 7 janvier 2009

Zionism is racism

Au début du XXème siècle, mon village d'origine, Deir El Kamar, comptait plus de 100 familles juives. Elles étaient de tous temps là, vivaient tranquilement dans la montagne, entourées de chrétiens et de musulmans. La voisine de ma grande-tante, décédée il y a quelques années, était une des dernières rescapées de ce passé commun. Ca ne m'étonnerait pas qu'on vienne me dire que mes ancêtres étaient juifs. Et que par cette même logique les ancêtres des palestiniens d'aujourd'huis sont évidemment des juifs!


Visiblement et historiquement, la communauté a commencé à se fragiliser dans les années 60. La création de l'Etat d'Israël ne semblait pas les toucher particulièrement en 1948. Ils étaient fiers d'être libanais. Mais plus encore, ils n'avaient jamais quitté leur terre, le pays de Canaan, la terre promise. Pour eux, ils y étaient. Quelques heures de route les séparaient de Jérusalem et de la Galilée, et aucun intérêt d'y vivre puisque tout le commerce proche-oriental florissait à Beyrouth après l'apogée de Deir El Kamar.


La première raison de leur réduction en nombre est la vague migratoire libanaise: une tradition depuis le XIXème siècle. Tous les jeunes essaient de nouveaux horizons: Etats-Unis, France, Canada, Australie, Brésil, Argentine, etc... Forcément, les jeunes juifs ne sortent pas des règles de notre société. Ensuite, la raison fondamentale de leur émigration est la guerre de 1967.


La cuisante défaite arabe n'a plus permis à la communauté israélite de se sentir protégée à Beyrouth. C'est pourquoi la majorité des familles ont préféré quitter le pays avant qu'il ne devienne une scène de bataille imminente. Des mouvements nasséristes et post-nasséristes ont vu le jour au Liban. L'opinion publique devenait de plus en plus consciente des faits et méfaits de la création de l'Etat d'Israël: la destruction de villages palestiniens, la disparition de villages entiers et la construction de tous nouveaux à la place de l'ancien ou même ailleurs. Les oliviers ont été déracinés pour planter à leur place des pommiers. Plusieurs centaines de milliers de réfugiers, et les gens étaient obligés de comprendre la douleur des juifs après l'Holocauste. Il ne fallut pas longtemps pour assimiler les crimes contre l'humanité à cette religion qui est fière de commettre ce qu'elle était en train de commettre. Les personnes qui agissent pour leur religion: Ben Gourion, Dayan et autres ont englobé tous les juifs dans leurs actions. Comme si Dieu avait oublié ses commandements et était satisfait des actions de son peuple élu.


Du coup, les juifs du Liban ont dû porter cette croix, même s'ils ont refusé de se rendre en Israël, eux, les premiers anti-sionistes. Une absurdité de l'histoire, cet Etat, dirent-ils.


En 1975, les plusieurs centaines qui restaient dans le pays ont fui la guerre. Non seulement n'étaient-ils pas une partie belligérante, mais ils n'étaient même pas sur l'échiquier politique et sécuritaire! Jusqu'au jour où, en 1982, 8 juifs furent kidnappés et lâchement assassinés.


Aujourd'hui, ceux qui restent suivent le principe de la Takia: changement de religion sur leur état civil, et de toutes façons un nom de famille complètement intégré dans la mosaïque des noms de famille libanaises. Seule une pauvre dame qui n'a plus personne, Lisa Srour, proclame sa religion haut et fort, mais c'est juste pour attirer les médias et avoir, en échange de son témoignage, de quoi vivre ou survivre.


Imaginons que les maronites voudraient créer un Etat maronite parce qu'ils croient que leur salvation viendra avec. Comment le monde le verra-t-il ? Les maronites ont toujours été persécutés, mais les maronites ont gardé leur terre malgré tout. Et ont su, tant bien que mal, coexister avec d'autres. Pourquoi ça devrait être le problème du monde entier si ces juifs-là n'ont pas su résister à l'oppression des romains et s'ils ne savent pas vivre dans une société multiconfesionnelle?

Pourquoi c'est mon problème à moi si une jeune israélienne de mon âge ne sait pas vivre dans un environnement multiculturel et une société hétérogène?

Pourquoi ça ne me pose pas de problème à moi de vivre avec Ahmad mais elle si? Pourquoi elle croit que tous les Ahmad étaient, sont et seront toujours des terroristes? Que tous les arabes sont des monstres? Que les falashas ne sont pas de vrais juifs parce qu'ils sont blacks?

Comment ça se fait que les juifs d'ici ont toujours et depuis des siècles vécu en harmonie complète avec toutes les autres confessions de la région mais que l'Etat d'Israël a tout foutu en l'air?


L'Holocauste, dîtes-vous?

Je suis loin d'être négationniste et là j'aimerais dire qu'ils n'auraient jamais dû s'installer en Europe! Pourquoi les juifs du Liban ne sont jamais partis?

Et pourquoi les autres n'ont jamais tiré les bonnes leçons de l'Holocauste? Le monde entier les soutient et les comprends. Je les comprends et les soutient. Mais jamais pour commettre des crimes qui dépassent de loin des atrocités qui ont - heureusement - été délimitées par le temps. Pas qui durent depuis plus de 70 ans!! Doucement mais surement, épuration éthnique, décimage de population, citoyens de seconde classe.


Cela fait 60 ans que ça dure officiellement. Et aujourd'hui c'est encore loin d'être terminé. Encore un peu et les palestiniens de Gaza vont devoir attacher une étoile à leurs habits quand ils veulent sortir. Pour les chrétiens vous croyez que ça peut aller sans étoile? Ils sont moins bruns non?

10 commentaires:

Anonyme a dit…

A propos de Deir el Kamar, y a aussi une synaguoge la bas et un cimetière juif

le nom des familles originaires (et l'appartenance communautaire, ce qui est déplorable tout de même) est visible je crois sur le site de la municipalité.

Anonyme a dit…

L'écrivain anglais Laurence Durrell, dans son roman "Le quatuor d'alexandrie" écerit cette phrase:"La vulgarité de l'esprit juif est qu'il ne peut imaginer l'homme autrement que sous le fouet".
Je crois que c'est très édifiant

Joi@kim a dit…

Il y a des mots qui sont indignes de quelqu'un de votre éducation, d'autant que le Liban est parti prenante de drame palestinien et se montre très mobilisé pour ne pas accueillir ce peuple qui est largement méprisé malgré une solidarité de façade.

Je vous cite donc : "Doucement mais surement, épuration éthnique, décimage de population, citoyens de seconde classe." ou "Mais jamais pour commettre des crimes qui dépassent de loin des atrocités qui ont - heureusement - été délimitées par le temps". Vous rejoignez là le discours de groupes extrémistes qui font autant de mal au Liban qu'en Palestine et en Israël. Utiliser la rhétorique du Hezbollah, du Hamas et accessoirement d'Al Quaeda ne vous plaide pas pour votre cause. Votre tendance à dresser un parallèle entre les juifs et le nazisme vous place dans le camps des assassins, des extrémistes et des barbares. Je comprends votre émotion, mais l'exprimer avec des mots de haine...

Unknown a dit…

Salut Marina,

J'espere que tout va bien pour toi.

Je suis tombe sur ton article via ton profil facebook, et j'ai commencé a lire tes differents posts. J'ai longtemps hésité avant de réagir parce que je ne veux vraiment pas déclencher une dispute politique avec toi, je crois qu'il y en assez d'Israéliens et de Libanais qui se tapent déjà dessus. En même temps si on ne parle pas entre gens de bonne volonté, et je sais que tu es une quelqu'un d'ouvert au dialogue, qui le fera?

Je trouve que ton article comparant le sionisme a une forme de racisme temoigne d'une tres grande méconnaissance historique de ce qu'a été le mouvement sioniste.

Bien sur, il y a eu d'enormes injustices faites a certains Palestiniens lors de la creation de l'Etat juif. Bien sur il y a certaines mouvances au sein du sionisme qui frolent ou sont racistes (Khana, Libermann...). Bien sur il y a beaucoup de racisme au sein de la societe israelienne.

Mais on ne peut pas dire que le sionisme c'est du racisme pour autant. Si un jour tu as l'occasion tu devrais lire les grands auteurs sionistes qui ont inspire la creation de l'Etat et qui pour la plupart avait un ideal socialiste, revaient d'une entente entre les peuples, d'une justice et d'une egalite pour tous.

Tu parle de la religion qui aurait inspiré les fondateurs de l'Etat d'Israel. Mais il n'en est rien. Le sionisme a ete en grande parti un mouvement de rébellion contre la tradition religieuse.

Je suis bien placé pour le savoir, moi dont les grands parents sont arrive dans les annees 30 en Palestine mandataire abandonnant la religion de leurs parents pour épouser l'ideal socialiste qui se confondait chez eux avec le sionisme qu'ils vivaient comme un mouvement de liberation des peuples.

Evidemment la religion joue un role particulier en Israel, mais le sionisme religieux est un courant qui a toujours ete tres minoritaire.

Tu semble expliquer la creation de l'Etat d'Israel par l'incapacite des juifs a vivre au sein de societe confessionnelles. J'espere que tu te rend compte que c'est legerement plus complique que cela. La Shoah, les pogroms, l'antisemitisme ca n'a pas seulement ete l'incapacite des juifs a vivre dans des societes multiculturelles. Je suis assez perplexe face a ta comparaison, incapacite de vivre dans de telles societes/incapacite de vivre avec ses voisins au MO. Il me semble que la situation est legerement plus compliquee encore une fois, il y a eu un long conflit territorial, des torts des deux cotes, qui ont nourris des haines, des desaccords... ca n'a pas grand chose avoir avec le multiculturalisme.

Je voudrais te rassurer sur un point, on ne pense pas tous ici que les Ahmad sont des terroristes, loin s'en faut. Sais tu que vingt pour cent des pertes de soldats israeliens pendant la derniere offensive a Gaza etaient druzes ou bedouins ? que les marriages mixtes sont courants ? que le ministre de la jeunesse et des sports est arabe? qu'au quotidien juifs et arabes se cotoient en permanence et travaillent ensemble ?
Alors oui, il y a des inegalites, et evidemment une situation d'occupation, contre lesquels il faut se battre mais dire qu'Israel est un Etat raciste et que les Israeliens pensent que les arabes sont des terroristes c est pour le moins reducteur.

Enfin tu dis t'en foutre du fait que les Juifs veulent leur Etat, c'est ton droit, mais l'Etat existe et j'espere qu'un jour tout le monde l'acceptera pour qu'on puisse vivre en paix.

Anonyme a dit…

La guerre à Gaza a démontré à quel point le sionisme :
est synonyme de haine contre les arabes
à quel points les israéliens sont devenus bourreaux après avoir été victime.
C'est bien la trise réalité
Comment peut-on avoir survécu au nazisme et reproduire la même chose chez soi !!!mais fort heureusement quelques jeunes israeliens qui refusent de servir l'armée et encours la prison essaie de s'opposer à cette nouvelle forme de nazisme !!
Si cette comparaison vous choque cher Mr Amos, et que vous donner une pseudo leçon sur le sionisme !
C'est que vous êtes bien aveugle et cela est bien triste pour vous
EM: juive libanaise et honte d'être juive !

Unknown a dit…

Chere anonyme,

Je crois qu'on ne peut pas réduire le sionisme a la dernière guerre a Gaza. Beaucoup de sionistes se sont fortement opposés a cette guerre. Tu remarquera que moi meme je n ai a aucun moment dit ce que j en pensais. Le sionisme est un mouvement qui a plus de cent ans qui comprend des dizaines de courants internes. Kadima ou le Likud ne sont que la continuation de certaines mouvances du mouvement (revisionistes)qui etaient au depart et pendant longtemps minoritaires. Le sionisme se definit comme un mouvement qui visait la creation d'un Etat juif , un point c'est tout. Si tu pense que cette idee est raciste c'est ton droit, mais dans ce cas pourquoi ne pas considerer aussi la creation d'un Etat palestinien, albanais, kurde ou je ne sais quoi d'autre comme egalement raciste ?

Quant a ta comparaison avec le nazisme, je trouve que c'est bien triste pour toi si tu ne vois aucune différence. On peut critiquer la politique israelienne en ayant des discours construits et sans utiliser de simples analogies demagogiques comme seul argument. Je crois que s'il y avait une tentative d'extermination des palestiniens ca ferait longtemps qu'elle serait achevée.
Voir la politique israelienne comme raciste, c'est passer a cote de la nature territoriale du conflit et meme du conflit lui meme. Car avec tout ce qu on peut reprocher a Israel, on ne peut pas dire qu'il est motivé par une haine raciste ou le plaisir de tuer, mais bien par la volonté de proteger sa population. Moi qui habite en Israel je peux t'assurer que non seulement le discours du gouvernement n'avait rien de raciste mais ceux qui ont soutenu l operation au sein de la population, l'ont fait dans leur ecrabouillante majorite a cause des huit ans de roquettes sur le sud du pays et pas par racisme.


Enfin je me permets ce petit conseil. Si tu as honte d'etre juive peut etre devrais tu simplement arreter de te definir comme telle car il ne s'agit pas d'une identite objective mais d'un construit intersubjectif, et tu n'es pas forcée de l'accepter meme si les autres tentent de t'y reduire. Peut etre alors comprendrais tu que ta honte de soi ne semble en realite qu etre de la haine des autres.

Unknown a dit…

Je me permets aussi de balancer ce lien :
http://www.haaretz.com/hasen/spages/1062723.html

C est un article parru dans haaretz pendant les elections israeliennes et qui fait reference a la vision qu avait Hertzl le pere fondateur du sionisme du racisme. L'article s'appuie sur Hertzl et l esprit originel du sionisme pour critiquer le parti d'extreme droite Israel Beitenou et prevenir la societe israelienne de la trahison que representerait un racisme anti arabe par rapport au sionisme. A ceux qui ont le courage d'affronter les realites historiques dans leur complexite, tres conseillé

La Pétillante a dit…

En fait, ce que je voulais dire dans mon article, c'est qu'à cause de la création de l'Etat d'Israël, le Liban est entré dans une ère très sombre de son histoire. Les palestiniens, les terroristes, la guerre, la résistance, et surtout, la disparition de la communauté juive libanaise (le but de l'article), qui vivait sereinement dans ce pays qui était le leur. N'est-ce pas sombre tout ça?

Amos, je peux comprendre ton effort de nous montrer toujours un côté progressiste de ta société, mais le dernier scandale sur la blague antichrétienne peut tout aussi être utilisée comme un argument qui prouve un certain racisme latent qui ressort par l'humour, meilleure échelle pour observer les nuances sociétales.

Aujourd'hui, pour moi, l'heure n'est pas à l'analyse de la théorie du sionisme, mais plus à l'analyse de l'évolution de cette dernière... Quoi qu'elle ait pu démontrer et faire croire au départ (je ne doute pas de l'importance de bien comprendre la théorie), mais c'est malheureux tout ce que ça a causé à l'humanité, concrètement, pratiquement. Et en tant qu'Homme, c'est honteux de voir comment une "volonté de Dieu" peut être destructrice et vicieuse!

La Pétillante a dit…

@ Joakim:

Venez vivre au Liban et après vous pourrez me donner votre avis.

Malek a dit…

En lisant ces échanges on peut tout à fait mesurer les efforts nécessaires à un israélien pour défendre son pays. M. Amos en est même un exemple touchant qui à défaut de pouvoir s’appuyer sur des faits, se réduit à cette croyance « superstitieuse » qu’il puisse résulter d’une entreprise coloniale, quelle qu’elle soit, une société parfaite, prospère, juste et heureuse.

A l’entendre, on devrait même regretter la disparition des fondateurs du sionisme. Comme si, l’avènement du sionisme, en dépit de tout le mal qu’il a perpétré, est aussi l’avènement du bien. Raisonnement circulaire qui suppose démontrer la thèse que précisément, l’expérience vient de réfuter. Comme si, comme le disait Jean-François Revel à propos du communisme, « l’horreur des conséquences prouve l’excellence du principe » !

Cela me rappelle une anecdote, si j’ose dire. Lors d’une conversation avec un Sud-Africain « blanc », tous ce qui a de plus sympathique, le jeune homme essayait de me convaincre « des aspects positifs » de l’apartheid et des bonnes intentions des premiers colons « blancs » en arguant de « l’indigénéité » des « autochtones » forcement sauvages et violents. Il m’expliquait sincèrement qu’il a grandi avec la peur que sa ferme familiale soit attaquée par « ces gens là ». Bien que dans l’absolu je puisse tout à fait comprendre que sa peur ainsi que celle de sa famille soit réelle et légitime et qu’elle représente bien une souffrance, dans les faits, les ravages de l’apartheid sur la population noire sont tels, qu’il est impossible d’échapper à « la quantification des souffrances » et admettre par conséquent qu’il ne puisse y avoir de comparaison possible entre la soufrance d’un autochtones réduit au stade de sous-homme et sans cesse repoussé dans ses bantoustans et celle d’un fermier blanc, qui soufre de l’insécurité qui est en fin de compte une conséquence directe de la ségrégation.

Que dire de plus à M Amos, que ce qui est déjà presque écrit malgré, cette fausse image d’invulnérabilité. Israël est condamnée « au mieux » à vivre éternellement dans la peur de la disparition et la recherche pathétique de reconnaissance ; « au pire » à imploser sous la pression de « ses autochtones » non juifs. Dans les deux cas, elle ne pourra survivre sous son aspect et avec ses agissements actuels.