dimanche 22 juin 2008

20 juin 2008 - La terre devenue un enfer, le feu a brûlé le printemps

Par où commencer???

Il n'y a pas de bons moyens de commencer à blogger. De la prose libre, dit-on. Et pourquoi? Je n'en sais rien, mais tant mieux.

Lorsque je me vois en train de traverser la place de la République, passer par la rue Solférino pour arriver à Masséna pour retrouver mes amis, j'ai l'impression que c'était il y a plusieurs années. Pourtant, c'était l'année dernière...

Après l'expérience du séminaire à Amman, la plus belle et fortuite rencontre de ma vie, une guerre libanaise, un séminaire à Athènes et une semaine à Paris, un projet à exécuter dans l'ONG, les cours à la fac, je peux dire que la première moitié de l'année 2008 a été une des plus chargées de ma vie.

J'ai parlé des exploits des jeunes en 2005, j'ai pleuré les larmes de mon corps pour retrouver une brise de ces exploits encore présente quelque part dans ce pays en mai.... En vain... Une rébellion interne? Cela reste sans commentaire. Evidemment, il y a les gens qui pensent que la faute est à Michel Aoun, ou Hassan Nasrallah, ou Saad Hariri ou même Samir Geagea (?). Evidemment, ceux qui prétendent être les plus éclairés, et qui écrivent avec moins de fautes de français que moi, vont rentrer dans le panneau encore une fois. Mettre la faute sur les autres, quoi de plus facile. Qui sont les schizphènes, les terroristes, les impérialistes, LES MECHANTS!!!!! La recherche de la vérité est, visiblement, bien fondée (sic!).

A Athènes, j'ai retrouvé le Liban européen, le désordre organisé. La ville représente tout ce que j'aime: une dolce vita, un simulacre d'ordre, et l'Europe!!! J'ai passé un peu de temps avec un ami d'enfance qui est installé là-bas, et il a l'air bien plus content que tous mes amis qui vivent dans le gris de Paris ou de Londres. La meilleure combinaison lui appartient: La Méditerranée et l'Union Européenne.

Mais quel bonheur de se retrouver à Paris! Et que c'est court 8 jours...

Je marche dans tes rues, qui me marchent sur les pieds, je bois dans tes cafés... Je traîne dans tes métros, tes trottoirs même un peu trop, je rêve dans tes bistrots. Je m'assois sur tes bancs, je regarde tes monuments, je trinque à la santé de tes amants, je laisse couler ta Seine, sous tes ponts ta rengaine, toujours après ma peine...


J'avais tellement besoin de m'évader de la prison libanaise de mai 2008. A peine l'accord de Doha signé, le 21 mai, que les gens ont oublié ce qui s'est passé. On n'aurait pas pu le croire sans le voir: l'amnésie du peuple libanais en pleine action. Un autre exemple d'amnésie? Accepter que le Premier Ministre soit encore une fois Fouad Saniora.

Je n'arrête pas de penser à mon prof. Pour la deuxième année consécutive, je me retrouve à Paris le 2 juin. Toutes ces questions sur la politique intérieure libanaise, en se baladant dans le jardin des Tuileries, sont l'image de l'absurdité de la vie des libanais à Paris. Le vent froid sur la place de l'IMA n'accompagnait pas cette année le groupe musical Rabih Beyrouth... Et je l'ai imaginé en train de boire un café turc en discutant des derniers évènements... J'imagine sa colère, sa nervosité, sa haine contre ceux qui cassé Beyrouth en deux, ceux qui ont voulu expressement donner un caractère confessionnel à la crise, enflammer les coeurs des gens dans leur phobie d'être mangés par les autres confessions.... Je l'imagine en train de crier en cours face à ses étudiants... Crier sa rage, crier sa honte d'être arabe aujourd'hui, sa fierté d'être libanais, levantin, malgré les merdes, alors que nous devrions être les pionniers des pensées progressiste, libérale, démocratique, innovante etc...

Finalement, je ne cherche plus à trouver des réponses à mes questions. Je suis persuadée que même nos petites marionettes, je veux dire leaders, ne se posent même plus ces questions.

En écoutant Souad Massi, je réalise que tout ce qui se passe dans ma vie aujourd'hui ne sera qu'un souvenir dans quelques décennies... Alors, autant faire le maximum. Je n'ai pas envie de regretter, ni de rester dans un imaginaire du "Si....". Je veux repartir à Paris. Je veux m'envoler pour de bon, trouver ma maison, faire ma vie, et revenir.

Partir, mourir, revenir,
C'est le jeu des hirondelles.

(graffiti d'un prénommé Florian dans une ruelle de Beyrouth).

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