dimanche 22 juin 2008

20 avril 2008 - Paris gagnés, Paris bientôt?

J'ai eu ma dose de paris perdus...
Et il fallait que j'aille à Amman, que je rencontre des personnes exceptionnelles, pour que je réactive (plus ou moins) ce blog aujourd'hui... Comme quoi, la vie a ses évolutions qu'on ne peut pas prévoir... Tout comme l'Amour a ses raisons que la Raison ignore.

Mais par où commencer, une vie qui ne ressemble en rien à celle que j'avais il y a exactement un an. D'une quasi-lune de miel dans un 14 m² pendant 10 jours, à boire des bières et manger des pates, jusqu'à la fatigue du boulot et de la fac, bien des choses se sont passées. La lune de miel, partie dans l'espace. Les 14m², louées à quelqu'un d'autre, les bières, éternellement à Lille, et les pates pour les étudiants qui n'ont pas de sous, ce qui n'est plus mon cas. Aujourd'hui, j'ai repris mes habitudes beyrouthines: la voiture, Fairouz, Sawt El Cha3b, et les nouvelles de 20h. En plus de l'université, j'ai décidé de m'investir dans une ONG à caractère socio-politique.

La peur d'une nouvelle guerre à l'été 2007 a été dissipée par une sortie d'apathie du peuple. En septembre, je suis repartie en France, déménager, envoyer mes affaires à Beyrouth, et dire aurevoir à mes amis. Ca n'a pas été facile et je crois que j'en subi encore les blessures. Quoi qu'il en soit, un nouveau master et un nouveau boulot dessinent mon rythme de vie actuel, mais pas vraiment de nouvelles perspectives.

J'ai chié sur la possibilité de rester en France: Etait-ce vraiment une bonne décision?...

Personne ne peut le savoir. Pourtant, je suis sure que j'aurais préféré une certaine tranquilité d'esprit par rapport à l'engrenage politique et la tension qui règne au pays. Je suis convaincue que la situation ne sera pas résolue bientôt au Liban. Pourquoi alors se brûler le coeur et prendre des positions politiques, quand tout le monde sait que les décisions ne viendront jamais des libanais. Et j'en passe des problèmes que regorge notre société.

Des martyrs, des anniversaires de début et de fin de guerre, des souvenirs des disparus, et des demandes expresses de trouver des fosses communes de la guerre 75 - 90, qui ne font qu'aggraver les provocation entre les ex-seigneurs de guerre qui se considèrent tous comme les Saints aujourd'hui. Comme si les libanais sont débiles et ne connaissent pas le nombre de fosses communes, leur localisation exacte et le nombre de morts qui y sont enterrés, et surtout par les mains de qui, les fosses se sont-elles mises en place. Tout le monde le sait, personne ne le dit. Pire encore, le chantage arrive à son paroxysme dans la provocation de rouvrir les dossiers de la guerre.

Ouvrons! Finissons-en, une fois pour toute! Faisons des comités locaux de réconciliation et ramenons les restes des personnes disparues ou mortes aux familles. Faisons le deuil et mettons en place un point de départ commun puis une vision d'avenir cohérente si les alliés sont sérieux entre eux et pour leur "vision d'avenir".
J'ose à peine oublier... Ces mêmes leaders qui demandent la réouverture des dossiers ont eux aussi peur de rentrer dans une guerre médiatique sans fin. Il n'est dans l'intérêt de personne au pouvoir (et de l'opposition) de fixer enfin l'histoire de la guerre fratricide sanglante.
Qui paie? Le peuple. Le peuple qui est le seul bénéficiaire de l'ouverture de l'histoire pour mieux se lancer vers l'avenir, ne fait que se retourner vers nos chers leaders.

Les priorités sont mélangées, les problèmes posés sont faux, et le peuple reste dans l'incapacité de juger les politiciens/seigneurs de guerre/Saints de tous les Saints.

"Pour la démocratie de Bush, sous contrat bien entendu"... Michel Chiha se retournerait dans sa tombe, s'il voyait que le projet de démocratie au Liban est jusqu'à nos jours ébranlé. Antoine Messarra commence à avoir du "cha3r 3a lseno" lorsqu'il parle de démocratie consensuelle à la libanaise. Que la théorie peut être bien étudiée (et encore), mais la pratique alors... Pire que les jésuites du "chacun pour soi et Dieu pour tous".

Et en parlant de Dieu pour tous, Roi pour tous... A Amman, les jordaniens, fiers de leur Roi, taquinent les libanais dans leur croissance économique impressionnante. "Tu vois, si le Liban avait un Roi et une stabilité politique", m'a dit mon ami. Sans commentaire, sans commentaire... Je préfère cette instabilité et garder cette liberté de pensée et d'expression. Quel débat dépassé en Europe! Le monde arabe est bien dans une autre phase de l'histoire.

Et Amman, cette ville sans âme, avec des rues propres et espacées, de l'argent et des investissements, et sa jeunesse dorée. Quelles soirées de malade dans les grandes boîtes de nuit jordaniennes. On passe d'un extrême à l'autre. La frustration des jeunes est diffusée par les effets pervers de l'alcool, sans qu'ils ne puissent vraiment vivre et apprécier une soirée tranquille. Les femmes, les filles, élégantes, belles, modernes, mais coincées. Ce qui, évidemment, fait perdre tout leur charme et affirme le préjugé trop souvent prouvé et réel de "filles possessives, jalouses, coincées mais qui font l'amour quand même (SHHHHHHHHHHHHHHHHHHT) ". Bref, l'hypocrisie dans une société où on ne peut pas faire autrement. Beyrouth a sa dose de filles pareilles, mais quand même, à ne pas comparer avec Amman.

Plus le temps passe, et plus je pense à Beyrouth. Son rêve est dans nous... Que nous soyons à Beyrouth ou ailleurs... Le dilemme de haïr Beyrouth quand on y est, et de l'aimer comme une femme aime son amant quand on n'y est pas ne disparaitra jamais. Trouver l'équilibre est presque impossible. On n'est jamais indifférent vis-à-vis de Beyrouth. Ca me fait de la peine de me dire que son rêve ne pourra pas être appliqué de si tôt. Ca me fait de la peine de croire que vivre à Paris me sera plus utile et agréable que rester à Beyrouth.

Finalement, j'en ai gagné des paris. Je suis assez satisfaite de ce que je donne pour mon ONG, à laquelle j'appartiens de par mes principes. Je ne regrette pas mon choix de master, qui me donne une ouverture vers Paris. En gros, je ne me plains pas de la vie que je mène. Je profite de ma présence dans la région, après avoir passé une semaine à Amman. En revanche, ce que je veux faire, c'est ouvrir de nouvelles perspectives, en pensant notamment à Paris. Même mes copines sont divisées en deux, entre Beyrouth et Paris!!!

Alors, dans quelques mois, Paris??? :)

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