dimanche 22 juin 2008
20 juin 2008 - La terre devenue un enfer, le feu a brûlé le printemps
Il n'y a pas de bons moyens de commencer à blogger. De la prose libre, dit-on. Et pourquoi? Je n'en sais rien, mais tant mieux.
Lorsque je me vois en train de traverser la place de la République, passer par la rue Solférino pour arriver à Masséna pour retrouver mes amis, j'ai l'impression que c'était il y a plusieurs années. Pourtant, c'était l'année dernière...
Après l'expérience du séminaire à Amman, la plus belle et fortuite rencontre de ma vie, une guerre libanaise, un séminaire à Athènes et une semaine à Paris, un projet à exécuter dans l'ONG, les cours à la fac, je peux dire que la première moitié de l'année 2008 a été une des plus chargées de ma vie.
J'ai parlé des exploits des jeunes en 2005, j'ai pleuré les larmes de mon corps pour retrouver une brise de ces exploits encore présente quelque part dans ce pays en mai.... En vain... Une rébellion interne? Cela reste sans commentaire. Evidemment, il y a les gens qui pensent que la faute est à Michel Aoun, ou Hassan Nasrallah, ou Saad Hariri ou même Samir Geagea (?). Evidemment, ceux qui prétendent être les plus éclairés, et qui écrivent avec moins de fautes de français que moi, vont rentrer dans le panneau encore une fois. Mettre la faute sur les autres, quoi de plus facile. Qui sont les schizphènes, les terroristes, les impérialistes, LES MECHANTS!!!!! La recherche de la vérité est, visiblement, bien fondée (sic!).
A Athènes, j'ai retrouvé le Liban européen, le désordre organisé. La ville représente tout ce que j'aime: une dolce vita, un simulacre d'ordre, et l'Europe!!! J'ai passé un peu de temps avec un ami d'enfance qui est installé là-bas, et il a l'air bien plus content que tous mes amis qui vivent dans le gris de Paris ou de Londres. La meilleure combinaison lui appartient: La Méditerranée et l'Union Européenne.
Mais quel bonheur de se retrouver à Paris! Et que c'est court 8 jours...
Je marche dans tes rues, qui me marchent sur les pieds, je bois dans tes cafés... Je traîne dans tes métros, tes trottoirs même un peu trop, je rêve dans tes bistrots. Je m'assois sur tes bancs, je regarde tes monuments, je trinque à la santé de tes amants, je laisse couler ta Seine, sous tes ponts ta rengaine, toujours après ma peine...
J'avais tellement besoin de m'évader de la prison libanaise de mai 2008. A peine l'accord de Doha signé, le 21 mai, que les gens ont oublié ce qui s'est passé. On n'aurait pas pu le croire sans le voir: l'amnésie du peuple libanais en pleine action. Un autre exemple d'amnésie? Accepter que le Premier Ministre soit encore une fois Fouad Saniora.
Je n'arrête pas de penser à mon prof. Pour la deuxième année consécutive, je me retrouve à Paris le 2 juin. Toutes ces questions sur la politique intérieure libanaise, en se baladant dans le jardin des Tuileries, sont l'image de l'absurdité de la vie des libanais à Paris. Le vent froid sur la place de l'IMA n'accompagnait pas cette année le groupe musical Rabih Beyrouth... Et je l'ai imaginé en train de boire un café turc en discutant des derniers évènements... J'imagine sa colère, sa nervosité, sa haine contre ceux qui cassé Beyrouth en deux, ceux qui ont voulu expressement donner un caractère confessionnel à la crise, enflammer les coeurs des gens dans leur phobie d'être mangés par les autres confessions.... Je l'imagine en train de crier en cours face à ses étudiants... Crier sa rage, crier sa honte d'être arabe aujourd'hui, sa fierté d'être libanais, levantin, malgré les merdes, alors que nous devrions être les pionniers des pensées progressiste, libérale, démocratique, innovante etc...
Finalement, je ne cherche plus à trouver des réponses à mes questions. Je suis persuadée que même nos petites marionettes, je veux dire leaders, ne se posent même plus ces questions.
En écoutant Souad Massi, je réalise que tout ce qui se passe dans ma vie aujourd'hui ne sera qu'un souvenir dans quelques décennies... Alors, autant faire le maximum. Je n'ai pas envie de regretter, ni de rester dans un imaginaire du "Si....". Je veux repartir à Paris. Je veux m'envoler pour de bon, trouver ma maison, faire ma vie, et revenir.
Partir, mourir, revenir,
C'est le jeu des hirondelles.
(graffiti d'un prénommé Florian dans une ruelle de Beyrouth).
8 mai 2008 - La législation libanaise et l'état d'urgence
A quelques nuances près, ce texte condense les dispositions qui régissent, en France, l'état de siège ET l'état d'urgence.
A - Hypothèses autorisant la déclaration de l'état d'urgence
L'article 1er du décret-loi N°52 du 5 août 1967 énonce les circonstances pouvant amener l'exécutif à déclarer l'état d'urgence. Il s'agit soit des cas de péril imminant résultant d'une guerre étrangère, d'une insurrection à main armée, ou de troubles menaçant la sécurité ou l'ordre public, soit d'évènements présentant le caractère de calamité publique.
B - Procédure de déclaration de l'état d'urgence
L'état d'urgence est décrété en conseil des ministres "sous réserve, stipule l'article 2, que se réunisse le Parlement pour connaître de cette mesure dans un délai de huit jours même s'il n'est pas en session".
1) Quelle est la signification exacte de cette réserve? Celle-ci tend à tempérer ce qu'a d'exorbitant le pouvoir d'appréciation reconnu à l'Exécutif, la Chambre se réunit pour connaître du décret déclarant l'état d'urgence; elle peut, en principe, se prononcer sur l'opportunité ou la légalité du décret, du moment qu'elle est souveraine.Il faut souligner que ce dont elle dispose en verty du texte de l'article 2, c'est bien d'un pouvoir de contrôle, elle peut en user dans le sens de la confirmation aussi bien que dans le sens de l'infirmation: le texte en arabe est net à cet effet: للنظر بالتدبير
Que peut faire le parlement quand il se réunit pour se prononcer sur le décret?
- S'il l'approuve, la notion d'approbation sera consignée au procès-verbal.
- Dans le cas contraire, il pourra abroger le décret par le vote d'une loi, sur la base d'une proposition émanant d'un membre de l'Assemblée, comme il se peut alors que soient remis en question les rapports du gouvernement avec la Chambre (question de confiance, dissolution...).
Il faut signaler que tout cela est une vue de l'esprit, puisque le parlement libanais n'a jamais encore annulé un décret déclarant l'état d'urgence et que l'Exécutif, au Liban, n'abuse pas de cette procédure.
2) Si l'on admettait que la loi laisse la déclaration de l'urgence à l'appréciation souveraine de l'Exécutif et qu'elle n'autorise le Parlement qu'à en prendre acte, le problème serait résolu; ainsi même en dehors des sessions, la Chambre pourrait se réunir du moment qu'elle n'aurait pas à se "prononcer" sur le décret. Mais cet argument ne tient pas à notre sens, puisqu'il se heurte au texte du décret-loi N°52 et à la Constitution.
a) En effet, l'article 2 du décret-loi N°52 stipule que le Parlement se réunit pour se prononcer sur la mesure décidée par le Conseil des Ministres. Le terme utilisé dans le texte arabe dans le décret-loi (للنظر بالتدبير) suppose l'existence d'un pouvoir de contrôle positif, reconnu à la Chambre; si celle-ci ne pouvait que prendre connaissance de la mesure et qu'elle eût un simple pouvoir d'enregistrement, texte serait différent; on aurait, par exemple l'expression للأخذ العلم أو الإطلاع . Or le terme employé, للنظر بالتدبير ne laisse place à aucun doute: il s'agit bien d'un pouvoir positif de contrôle.
b) la Constitution nous fournit un autre point d'appui pour écarter l'argument selon lequel le Parlement ne tient du décret-loi N°67-52 aucun pouvoir positif de contrôle.
Même si l'on admettait que la compétence du Parlement ne dépasse pas la possibilité de prendre connaissance de la déclaration de l'urgence, l'expression "même si le Parlement n'est pas en session" ne pourrait autoriser la violation de l'article 31 de la Constitution; cet article interdit, en effet, toute réunion en dehors du temps légal de session; donc même si l'on admettait que le Parlement appelé à connaître du décret déclarant l'urgence n'avait pas à se prononcer postivement à ce sujet, il faudrait souligner que, même dans ce cas là, il ne peut se réunir en dehors du temps légal de session. Donc ce que prohibe l'article 31 de la Constitution ce n'est pas uniquement les opérations de vote mais plus généralement toute réunion du Parlement en dehors des sessions.
D'ailleurs, cette argumentation donne un sens au texte de l'article 2 du décret-loi N°52: il s'agit de tempérer, par l'existence, même symbolique et théorique, d'un contrôle législatif, le pouvoir, nécessaire en temps de crise, reconnu à l'Exécutif de déclarer l'état d'urgence. La nécesité de ce contrôle apparaît à la lumière des pouvoirs extrêmement larges qui découlent de la déclaration de l'urgence.
C - Conséquences découlant de la déclaration de l'état d'urgence: 3 séries
I - D'abord, au plan de la police générale, celle-ci est détnue par le Commandant en Chef de l'armée, dont relèvent, par le fait même de la déclaration de l'urgence, toutes les forces armées (càd. forces de sécurité intérieure, pompiers, garde-frontières etc...) (art. 3 décret-loi N°52)
II - Des pouvoirs spéciaux sont ensuite reconnus à l'autorité militaire, c'est l'article 4 qui énonce des pouvoirs en 12 alinéas
1. Droit de réquisition qui portent sur les personnes et les biens: limitation du droit de propriété et atteinte aux libertés de la personne physique.
2. Inspection des domiciles de jour et de nuit
3. Recherche des armements et des munitions (perquisitions)
4. L'autorité militaire peut décider l'imposition d'amendes collectives
5. Elle peut décider également l'éloignement des suspects.
6. Possibilité d'instituer des "zones de défense et des zones de sûreté" dans lesquelles le séjour est soumis à un règlement spécial.
7. L'assignation ) résidence es personnes qui, par leurs activités constituent une menace pour la sécurité publique.
8. Interdiction des réunions contraires à l'ordre public
9. Droit d'ordonner, provisoirement, la fermeture des salles de spectacles et tous autres lieux de rassemblement.
10. Instauration du couvre-feu
11. Interdiction des publications contraires à l'ordre public (qui comportent une menace) et l'autorité militaire peut instituer une censure sur tous les moyens d'expression.
12. Application des règlements militaires relatifs aux opérations de guerre lors des transports des troupes et l'utilisation des armes et matériels.
III. Transfert aux juridictions militaires de la compétence répressive est automatique. Les tribunaux militaires connaîtront de trois séries d'infractions.
1. Les infractions commises en violation de l'article 4 qui vient d'être passé en revue
2. Les infractions contre l'Etat, même si elles sont commises en dehors de la zone d'urgence.
3. Les tribunaux militaires connaîtront également des délits relatifs au passage des frontières sous deux conditions, soit qu'ils portent atteinte à l'ordre public soit qu'ils aient été commis " en vue de procéder à des actes d'agression".
7 mai 2008 - Le fatalisme à la libanaise
Le 7 mai 2005.
"Yawm 3awdat el watan ilal watan". C'est ainsi que le slogan de retour du général Aoun retentissait à Beyrouth. Une odeur de jasmin dans la ville, et les coeurs des libanais gros d'espoir et de joie. Ce jour-là, j'étais dans un stade d'euphorie. On avait gagné notre révolution, les troupes syriennes étaient parties, je marchais dans les rues libres de la Béquaa et je passais mes soirées à discuter de tous mes rêves dans le camp de la Liberté. Le 7 mai 2005, j'étais dans l'organisation du CPL pour le retour du général. Comme d'autres jeunes, qui partageaient ou pas mes opinions politiques, je me retrouvais face à une croisée de chemins dont toutes les issues semblaient positives. Nous nous appretions à vivre nos premières élections législatives libres, et nous étions même très heureux de pouvoir discuter de programmes politiques différents. Des débats passionels, intenses et riches en arguments s'entrechoquaient, sans provoquer d'incidents (ou presque). Démocratiquement, le citoyen libanais conservait sa place de citoyen pionnier dans le monde arabe.
Honte à nous moutons aveugles!!!
Le 7 mai 2008
Aujourd'hui, Beyrouth n'est pas.
L'air noir a recouvert la ville, et les lignes de démarcation ont été réactivées. Une manifestation pour dénoncer le niveau de vie, piégée par la politique clanique. Que les demandes sont justes!!! Les prix des besoins primaires ont explosé, et le salaire minimum reste fixé à un niveau inacceptable.
Mais voilà le fatalisme à la libanaise: on ne croit jamais en une issue de gagnant-gagnant, on se fait des films, on se dit que c'est fini, ca ne va jamais marcher... Quoi qu'il arrive, nous arriverons à un clash inévitable. Le moment comique, c'est que tout le monde "biyendoub bi 7azzo" (maudit son sort). Alors que tout le monde reste derrière ses positions coincées des loyalistes et des opposants. Le pire, nous le retrouvons dans notre chère élite éduquée, intellectuelle, qui ne sort toujours pas de cette logique manichéenne.
"WEINIYYI EDDAWLIIII ????????????" (Où est l'Etat - expression anecdotique cf. S.L.CHI)
Et puis où est l'Etat un peu plus sérieusement? (il se fait des sous et recherche la vérité quelque part dans l'absurde néant des couloirs bondés de l'ONU)
Ils nous prennent pour des cons? (ouiiiii)
Tous? Sans exception??? (encore un grand ouiiiii)
Je zappe entre les différentes chaînes locales, avec un grand MUTE sur l'écran de ma télé. Je mets ma musique, et je tombe sur...
عندما يذهب الشهداء الى النوم أصحو
وأحرسهم من هواة الرِّثاء
أقول لهم :
تُصبحون على وطن،
من سحابٍ ومن شجرٍ،
من سراب وماء
أهنئُهُم بالسلامةِ من حادثِ المُستحيل
ومن قيمة المذبح الفائضة
وأسرقُ وقتَا لكي يسرقوني من الوقتِ.
هل كُلُنا شهداء؟
وأهمس :
يا أصدقائي اتركوا حائطاَ واحداً،
لحبال الغسيل،
اتركوا ليلةًَ للغناء
اُعلِّق أسماءكم أين شئتم فناموا قليلاً،
وناموا على سلم الكرمة الحامضة
لأحرس أحلامكم من خناجر حُراسكم
وانقلاب الكتاب على الأنبياء
وكونوا نشيد الذي لا نشيد له
عندما تذهبون إلى النوم هذا المساء
أقول لكم :
تصبحون على وطنٍ
حمّلوه على فرس راكضه
وأهمس :
يا أصدقائي لن تصبحوا مثلنا ...
حبل مشنقةٍ غامضه !
MAIS!!! Et il y a toujours un mais... Comme diraient tous les libanais: "3adé" ou "yalla méché el 7al" (ca va aller). Un genre particulier d'expressions anecdotiques refait toujours surface quelque part entre la tension et l'odeur des fleurs. La dolce vita libanaise vainquera. A bas les connards fatalistes qui prétendent que la solution viendra en "éliminant les autres". Je reviens à une photo optimiste, sortie en plein milieu de la guerre de 2006 (août). Espérant que les voyous trouveront du boulot et nous fouterons la paix avec leurs batailles de ruelles (les petits et les grands seigneurs voyous).
20 avril 2008 - Paris gagnés, Paris bientôt?
Et il fallait que j'aille à Amman, que je rencontre des personnes exceptionnelles, pour que je réactive (plus ou moins) ce blog aujourd'hui... Comme quoi, la vie a ses évolutions qu'on ne peut pas prévoir... Tout comme l'Amour a ses raisons que la Raison ignore.
Mais par où commencer, une vie qui ne ressemble en rien à celle que j'avais il y a exactement un an. D'une quasi-lune de miel dans un 14 m² pendant 10 jours, à boire des bières et manger des pates, jusqu'à la fatigue du boulot et de la fac, bien des choses se sont passées. La lune de miel, partie dans l'espace. Les 14m², louées à quelqu'un d'autre, les bières, éternellement à Lille, et les pates pour les étudiants qui n'ont pas de sous, ce qui n'est plus mon cas. Aujourd'hui, j'ai repris mes habitudes beyrouthines: la voiture, Fairouz, Sawt El Cha3b, et les nouvelles de 20h. En plus de l'université, j'ai décidé de m'investir dans une ONG à caractère socio-politique.
La peur d'une nouvelle guerre à l'été 2007 a été dissipée par une sortie d'apathie du peuple. En septembre, je suis repartie en France, déménager, envoyer mes affaires à Beyrouth, et dire aurevoir à mes amis. Ca n'a pas été facile et je crois que j'en subi encore les blessures. Quoi qu'il en soit, un nouveau master et un nouveau boulot dessinent mon rythme de vie actuel, mais pas vraiment de nouvelles perspectives.
J'ai chié sur la possibilité de rester en France: Etait-ce vraiment une bonne décision?...
Personne ne peut le savoir. Pourtant, je suis sure que j'aurais préféré une certaine tranquilité d'esprit par rapport à l'engrenage politique et la tension qui règne au pays. Je suis convaincue que la situation ne sera pas résolue bientôt au Liban. Pourquoi alors se brûler le coeur et prendre des positions politiques, quand tout le monde sait que les décisions ne viendront jamais des libanais. Et j'en passe des problèmes que regorge notre société.
Des martyrs, des anniversaires de début et de fin de guerre, des souvenirs des disparus, et des demandes expresses de trouver des fosses communes de la guerre 75 - 90, qui ne font qu'aggraver les provocation entre les ex-seigneurs de guerre qui se considèrent tous comme les Saints aujourd'hui. Comme si les libanais sont débiles et ne connaissent pas le nombre de fosses communes, leur localisation exacte et le nombre de morts qui y sont enterrés, et surtout par les mains de qui, les fosses se sont-elles mises en place. Tout le monde le sait, personne ne le dit. Pire encore, le chantage arrive à son paroxysme dans la provocation de rouvrir les dossiers de la guerre.
Ouvrons! Finissons-en, une fois pour toute! Faisons des comités locaux de réconciliation et ramenons les restes des personnes disparues ou mortes aux familles. Faisons le deuil et mettons en place un point de départ commun puis une vision d'avenir cohérente si les alliés sont sérieux entre eux et pour leur "vision d'avenir".
J'ose à peine oublier... Ces mêmes leaders qui demandent la réouverture des dossiers ont eux aussi peur de rentrer dans une guerre médiatique sans fin. Il n'est dans l'intérêt de personne au pouvoir (et de l'opposition) de fixer enfin l'histoire de la guerre fratricide sanglante.
Qui paie? Le peuple. Le peuple qui est le seul bénéficiaire de l'ouverture de l'histoire pour mieux se lancer vers l'avenir, ne fait que se retourner vers nos chers leaders.
Les priorités sont mélangées, les problèmes posés sont faux, et le peuple reste dans l'incapacité de juger les politiciens/seigneurs de guerre/Saints de tous les Saints.
"Pour la démocratie de Bush, sous contrat bien entendu"... Michel Chiha se retournerait dans sa tombe, s'il voyait que le projet de démocratie au Liban est jusqu'à nos jours ébranlé. Antoine Messarra commence à avoir du "cha3r 3a lseno" lorsqu'il parle de démocratie consensuelle à la libanaise. Que la théorie peut être bien étudiée (et encore), mais la pratique alors... Pire que les jésuites du "chacun pour soi et Dieu pour tous".
Et en parlant de Dieu pour tous, Roi pour tous... A Amman, les jordaniens, fiers de leur Roi, taquinent les libanais dans leur croissance économique impressionnante. "Tu vois, si le Liban avait un Roi et une stabilité politique", m'a dit mon ami. Sans commentaire, sans commentaire... Je préfère cette instabilité et garder cette liberté de pensée et d'expression. Quel débat dépassé en Europe! Le monde arabe est bien dans une autre phase de l'histoire.
Et Amman, cette ville sans âme, avec des rues propres et espacées, de l'argent et des investissements, et sa jeunesse dorée. Quelles soirées de malade dans les grandes boîtes de nuit jordaniennes. On passe d'un extrême à l'autre. La frustration des jeunes est diffusée par les effets pervers de l'alcool, sans qu'ils ne puissent vraiment vivre et apprécier une soirée tranquille. Les femmes, les filles, élégantes, belles, modernes, mais coincées. Ce qui, évidemment, fait perdre tout leur charme et affirme le préjugé trop souvent prouvé et réel de "filles possessives, jalouses, coincées mais qui font l'amour quand même (SHHHHHHHHHHHHHHHHHHT) ". Bref, l'hypocrisie dans une société où on ne peut pas faire autrement. Beyrouth a sa dose de filles pareilles, mais quand même, à ne pas comparer avec Amman.
Plus le temps passe, et plus je pense à Beyrouth. Son rêve est dans nous... Que nous soyons à Beyrouth ou ailleurs... Le dilemme de haïr Beyrouth quand on y est, et de l'aimer comme une femme aime son amant quand on n'y est pas ne disparaitra jamais. Trouver l'équilibre est presque impossible. On n'est jamais indifférent vis-à-vis de Beyrouth. Ca me fait de la peine de me dire que son rêve ne pourra pas être appliqué de si tôt. Ca me fait de la peine de croire que vivre à Paris me sera plus utile et agréable que rester à Beyrouth.
Finalement, j'en ai gagné des paris. Je suis assez satisfaite de ce que je donne pour mon ONG, à laquelle j'appartiens de par mes principes. Je ne regrette pas mon choix de master, qui me donne une ouverture vers Paris. En gros, je ne me plains pas de la vie que je mène. Je profite de ma présence dans la région, après avoir passé une semaine à Amman. En revanche, ce que je veux faire, c'est ouvrir de nouvelles perspectives, en pensant notamment à Paris. Même mes copines sont divisées en deux, entre Beyrouth et Paris!!!
Alors, dans quelques mois, Paris??? :)
23 novembre 2007 - Le mot le plus long de la langue française
Je l'ai appris en 10ème.
1 juin 2007 - 2 ans déjà...
Il y a deux ans, jour pour jour, l'avant-dernier cours de Samir Kassir m'avait ouvert l'esprit à de nouvelles perspectives de pensée... J'attendais avec amusement le dernier cours du vendredi 3 juin... qui s'est transformé en journée de colère et de peine immense.
Mercredi 1er juin,
Je n'oublierai jamais... Il est déjà 1h00 PM, comme d'habiture, M. Kassir arrive vers 1h05, un sourire ironique au visage... "Yalla". C'est l'heure, pas la peine d'éteindre nos cigarettes, on les fait rentrer avec nous en classe. "Ah Monsieur, un instant j'ai oublié"... Je sors de la classe, et ramène avec moi le cendrier, son cher cendrier... Pour nous, c'est pas grave, on ramene des goblets avec un peu d'eau à l'intérieur...
Ce jour-làa, l'avant-dernier cours, deux personnes avaient preparé un exposé, il leur céda la place du prof, et comme d'habitude, se mit à se balader en nous regardant, à s'assoir sur le couch derriere les bancs de la classe, à fumer ses gauloises ultra light (après avoir changé des Philip Morris), le cendrier à la main. Puis, il s'assit près de nous, entre nous, a écouter parler de "l'art des mosquées"... On en a discuté des mosquées, surtout celles de Beyrouth...
Les questions, à ceux qui exposent, pas à lui, il voulait bien voir ce qu'elles savaient, il avait cet air de septicisme quant à la sincerité du projet, ça se voyait dans ses yeux, mais il n'a rien dit... Il s'en fout pas mal de toutes facons, il ne veut pas être désagréable... Il préfère regarder sa cigarette avant de l'éteindre, en se levant et en les remerciant pour le projet.
Il restait environ 45 minutes du cours... "Natasha, parlez-moi des elections, Marina, critiquez-moi ce qu'elle va dire"... Critiquer, facile... J'ai parlé du Nahar, de sa bassesse, de son éloignement de sa superiorité en tant que journal élitiste... Il n'a pas répondu... Il a répondu à Philippe, qui lui parlait de Gebran... "Tu me parles à moi de Gebran? Tu me parles à moi de ca???" Il s'est laché, comme d'habitude...
La loi électorale, pas question pour lui qu'elle reste comme ca, il faut que chaque personne vote ou elle paye ses taxes..."Mais Monsieur, je ne peux pas quitter mes racines, c'est un truc culturel..." Un sourire très cynique se dessine sur son visage... "C'est très intéressant cynthia ce que tu viens de dire, tres intéressant, mais très archaique, très bete, très stupide, je ne croyais pas qu'il y avait des personnes qui pensaient toujours comme ca, s'il te plait continue, et les autres, ecoutez-la c'est tres intéressant...(mais qu'est ce que c'est archaique)"
On le provoque, il s'énerve...Il commence à parler en arabe "Ana 3am te7kine heik? wlo ana ana, 3am te7kine ana heik? Ma bi sir, 3raf abel ma3 min 3am te7ke" Encore, le sujet du Nahar... Il nous semble alors qu'entre Gebran et Samir, c'est un pti peu la guerre froide...
Il arrête un peu la discussion pour nous dire "de toutes façons, vendredi, ca va être la dernière fois que vous me voyez"... Je lui ai répondu, avec d'autres camarades de classe "mais non, on va toujours vous voir a la télé, vous lire vos articles"... J'attendais vivement vendredi, pour pouvoir critiquer une dernière fois son article avant qu'il ne rentre en classe... J'étais en plus tres choquée de savoir que son article du vendredi devait etre intitulé "risala ila sadik 3awni", puisque je lui avais dit, vendredi passé "dakhlak Monsieur, lech ma btektoub 3anna ne7na? el chabeb? be3ouna w ra7o" après une discussion en classe à propos des tentes et comment les politiciens nous ont mené du bout du nez...
Et puis, retour aux élections de Beyrouth... "Arrêtez d'être hypocrites, il y a encore gharbiyye et char2iyye, il ne faut pas qu'on se leurre" dit un ami de Moukawimoun 7atta el 7orriye (ex- Ka3ida Kataeb).... Et C'est la pagaille en classe, entre "bala 7adiss ta2ife" et "ma ba2 fi gharbiye w char2iyye"... M. Kassir, regarde sa montre, remarque qu'il est deja 2h25... Il se lève, regarde un autre ami qui était déjà debout et lui dit les derniers mots qu'il a prononcé dans la salle 52, salle Samir Kassir, "Tu as vu ce que j'ai fait? J'ai foutu la merde et je m'en vais", avec un petit rire, toujours le même... Je l'ai entendu dire ces derniers mots, sortir de sa bouche, je lui ai souris : "Bye Monsieur" et j'ai continué la discussion qui ne s'est terminée que vers 3h00, puisqu'on avait un autre cours...
Nous ne méritons pas un martyr comme lui... Nous ne méritons pas nos martyrs...
S'il peut écouter mes pensées, j'aimerai lui dire qu'il avait raison, mais qu'il y a encore beaucoup trop de personnes qui pensent "archaiquement" pour pouvoir arriver à une conclusion positive actuellement, j'aimerai lui dire qu'il est mon héros, que je l'aime et que je ne l'oublierai jamais... Les cigarettes durant son cours vont me manquer, ses remarques vont me manquer, ses sautes d'humeur, sa façon de chanter lors de mon exposé (musique arabe du XXeme siecle), sa façon de penser, ses blagues, son regard, son aide dans mes exposés... tout...
A M. Kassir, je te pleure, je pleure le Liban qui t'a perdu, je pleure notre génération qui vous tient comme idole, comme activiste pour un Liban meilleur, un rebelle pour la liberté, toute la liberté... Tu es libre M. Kassir, tu ne t'es jamais laissé faire, jusqu'au bout tu l'es resté, et tu l'es encore.
27 mai 2007 - Discussion sur les croisés du Liban?
Les croisés du Liban???
vendredi 25 mai 2007, 19h57
Al Qaïda promet "une mer de sang" sur le Liban
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DOUBAÏ (Reuters) - Une organisation se présentant comme la branche d'Al Qaïda au Levant a promis de commettre des attentats à la bombe et des attaques contre les chrétiens au Liban à moins que l'armée libanaise n'évacue les abords du camp de réfugiés de Nahr al Bared, près de Tripoli.
"Nous vous mettons en garde pour la dernière fois, après quoi il n'y aura rien d'autre entre nous que des mers de sang"", affirme un homme se présentant comme le chef militaire de cette organisation dans un enregistrement diffusé sur internet vendredi.
"Ce que nous voulons, c'est que vous ordonniez à l'armée chrétienne libanaise de retirer ses hommes des alentours de tous les camps palestiniens, dont celui de Nahr al Bared", ajoute-t-il à l'adresse du patriarche maronite du Liban, Mgr Nasrallah Sfeir. "Si vous n'arrêtez pas, nous arracherons votre coeur avec (...) des bombes."
"Aucun croisé ne sera en sécurité au Liban à compter d'aujourd'hui. Comme vous frappez, vous serez frappés", déclare un homme coiffé du keffieh au damier noir et blanc et la poitrine bardée de chargeurs de fusil.
L'orateur qualifie l'intervention de l'armée libanaise de "croisade brutale sous couvert de combattre le terrorisme" et fait valoir que les Palestiniens du Liban font l'objet de discriminations.
La campagne d'Al Qaïda prendra pour cible les intérêts économiques, "à commencer par le secteur du tourisme, et utilisera d'autres moyens censés pourrir votre vie !", a poursuivi l'orateur, qui ne semblait pas libanais d'après son accent.
A l'adresse du patriarche maronite, il a également dit: "Tenez vos chiens éloignés de nos congénères et retenez le feu de vos canons, sinon .... Aucun croisé ne sera en sécurité au Liban à partir d'aujourd'hui. Nous riposterons à chaque tir de votre part".
Il a ajouté: "Nous nous réjouissons à l'idée d'en découdre, et ne vous méprenez pas sur le soutien que vous ont apporté les apostats arabes".
En dépit d'entorses dans la nuit de jeudi à vendredi, la trêve semble tenir dans le camp de Nahr al Bared où l'armée, qui a reçu une aide matérielle américaine et arabe, a dépêché des renforts pour combattre les islamistes du Fatah al Islam.
Décidément, je n'en reviens toujours pas. L'armée est une et unique, c'est mixte, les chrétiens ne peuvent pas dégrépir comme toutes les communautés ont faites durant la guerre, les leçons sont enfin apprises... Ils ont du chemin à faire ces islamistes en histoire contemporaine...Croisés? Les croisés du Liban? Mais les chrétiens du Liban étaient là bien avant les croisés, la preuve, c'est qu'ils ont autant souffert au temps des croisades que les musulmans... Ces islamistes ont du chemin à faire en histoire médiévable moyen-orientale...Croisade brutale? Et quand ils abattent des soldats (musulmans en plus, le comble pour fath el islam) comme on abattrait une vache HALAL, c'est quoi? C'est une bataille moderne ultra sophistiquée? Ces islamistes ont du chemin à faire pour évoluer mentalement, pour réaliser que les musulmans du Liban sont contre eux, et que l'armée libanaise n'est pas que chrétienne...J'en rage... Gloire aux soldats abattus lachement par un groupe se revendiquant d'une religion différente que l'Islam qu'on retrouve aujourd'hui au Liban. L'armée est notre seule source d'espoir, un des derniers symboles de l'unité nationale. Et ce n'est pas un groupe de malades psychiatriques, qui en plus d'avoir beaucoup beaucoup de sous, considère avoir le droit de prendre les pauvres palestiniens en otage... Ce n'est pas ce groupe qui viendra foutre la merde à mon été...
Nothing is ruining my fu**ing summer in Lebanon.
21 mai 2007 - Paris Perdus
En plus, il fait moche. Tout à l'heure, notre ministre de l'information s'est efforcé de donner des leçons de morale haririenne à propos des évènements de Tripoli.
Plus de Ghandi, Mandela, tous les grands noms de l'histoire, il n'y a que Hariri qui ait un esprit hors du commun.
Fallait bien qu'il ait les larmes aux yeux en plus en parlant de lui.
Mais arrêtons la satire un moment. C'est toujours facile de critiquer de cette façon. La seule décision de la journée après nos 22 martyrs de l'armée, c'est de fermer les écoles du Nord demain.
J'enrage. 15 minutes sont passées, dans lesquelles il se morfondait comme un enfant sur le sort des soldats, et la décision fracassante du conseil des ministres : Fermeture des écoles!!
Et pourquoi travailler sur la crédibilité de ce gouvernement? Pourquoi ne pas prendre avantage et essayer de se rapprocher de l'opposition en ces circonstances? Il faut juste parler de Hariri, de Hariri, et de Hariri. Tant pis. A ce stade là, plus rien n'est étonnant.
C'était le sommum caricatural de la politique libanaise: Parler pour ne rien dire.
Pour une fois, comme l'a dit un ami, je suis à fond pour que l'institution de l'armée prenne le pouvoir dans ce pays pour quelques temps
13 mai 2007 - Michel Kilo et Mahmoud Issa
صدور الحكم على كيلو وعيسى وسط تضامن كبير اليوم (www.damdec.org)
بعد مرور عام على بدء اعتقالات إعلان بيروت/دمشق، عقدت محكمة الجنايات الثانية بدمشق، اليوم الأحد 13/5/2007، جلستها الأخيرة في محاكمة الكاتب ميشيل كيلو والمترجم محمود عيسى ، وإثر دخول المتهمين إلى قفص الاتهام، بعد تأخرأطول من المعتاد، ووسط حشد كبير من عائلاتهما والمتضامنين من الناشطين وبعض ممثلي السفارات الغربية ومراسلي وكالات الأنباء، أخذت هيئة المحكمة أماكنها برئاسة القاضي محمد زاهر البكري وعضوية كل من المستشارين: زاهر ة بشماني ومحمد الشمالي، ثم تلا رئيس المحكمة قرار الحكم، الذي تلخص بعقوبة السجن لمدة ثلاث سنوات على كل من المتهمين كيلو وعيسى بعد دمج العقوبات الأخف ( وكانت بالسجن ستة أشهر مع الأشغال الشاقة) بالعقوبة الأشد مع احتساب مدة التوقيف، قرارا قابلا للطعن بالنقض.
وكذلك الحكم على كل من المتهمين: خليل حسين وسليمان الشمر غيابيا بعقوبة السجن خمس سنوات بعد دمج العقوبات الأخف بالعقوبة الأشد، قرارا قابلا للطعن بالنقض والمراجعة في حال حضور المتهمَين خلال ثلاثة اشهر.
وقبل انفضاض هيئة المحكمة وسط وجوم الحاضرين، نادى الأستاذ كيلو رئيسها بأن هذا القرار، فقاطعه القاضي : لقد حكمنا وفق نصوص المواد والقانون، فأكمل كيلو قائلا: يا سيادة القاضي هذا القرار لا يعني أننا مجرمون بل يعني أنه جريمة بحقنا وهوليس صادرا عن المحكمة بل ضدها، الأمر الذي أثار موجة من تصفيق الحاضرين، الذين أصروا على التعبير عن تضامنهم بعبارات التأييد وعلى تحية الأستاذين كيلو وعيسى ومصافحتهما بالدور ومن بين قضبان القفص.
29 avril 2007 - Sous le soleil de Beyrouth!!
22 Février 2007 - Scandaleux!!
Naharnet
Beirut, 21 Feb 07, 16:49
The Last Victim of Israel's Summer War Found
The body of a Sri Lankan housemaid, missing since Israeli missiles struck the building where she worked during last summer's war in Lebanon, was found Wednesday, police said.
The body of the 35-year-old woman, whose name was not disclosed, was found on the seventh floor of the building in the southern port city of Tyre.
The building was badly damaged during an Israeli raid on the city on July 16, a few days after the Jewish state launched an offensive against Hizbullah. About 1.200 people were killed in the 34-day confrontation.
At the time, 34 people were reported killed in the raid on the building, which housed the headquarters of the Lebanese civil defense department.
Sri Lanka has more expatriate workers in Lebanon than any other country, with about 80,000 of them employed, mostly as housemaids and laborers.(AFP)
N'ont-ils vraiment pas d'autres choix en quittant leur pays en guerre que de se laisser aller dans ce néo-esclavagisme dans un pays aussi divisé que le leur?? N'ont-ils vraiment pas d'autres choix que pour faire de l'argent il faut être relégué à une classe inférieure d'êtres humains??? Je me pose plein de questions, et je suis triste pour eux, je suis encore plus triste de réaliser que je n'y peux rien...