- Le décret ministériel:
Ziad Baroud (my republican hero) a ouvert une mini-brèche en 2008 confirmant la légalité de la suppression de la case "Confession" de l'état civil libanais. Pour ceux qui ne le savent pas, la religion occupe une place primordiale au sein de notre République chérie. Aujourd'hui, on peut littéralement barrer cette catégorie grâce à une petite formalité chez le moukhtar puis au ministère de l'intérieur qui enregistre le changement sans aucune entrave. L'état civil, après cette opération, gardera la ligne consacrée à la confession مذهب mais elle sera barrée.
- Les inititatives de la société civile:
Tout a commencé avec une petite coalition d'ONG et d'intellectuels qui ont ouvert le débat sur le sécularisme et ont lancé une campagne (relativement courte dans le temps) pour encourager les citoyens à supprimer la confession de leur état civil. Je me souviens bien d'une réunion en 2008 dans les locaux de Nahwa Al Muwatiniya qui expliquait clairement le processus à suivre ainsi que les conséquences de cet acte (que nous verrons plus loin). Bref, cette vision a toujours existé dans la société par le biais de conférences et tables rondes innombrables, mais aucune mesure concrète n'avait été prise jusque là pour affirmer clairement cette demande au niveau institutionnel.
- Confessionnalisme d'Etat: essai de définition
Le confessionnalisme d'Etat est la méthode avec laquelle le citoyen n'a aucune chance de faire valoir ses droits en tant qu'individu, puisque la communauté prime dans tout. Il faut à l'avance diviser en nombre de communautés tout ce qui se rapporte à l'Etat, à commencer par les portefeuilles ministériels et les sièges parlementaires. Visiter le Patriarche à Noël, l'Ayatollah à Achoura et le Cheikh pour le Eid, c'est s'assurer un poste de haut-responsable d'Etat dans la prochaine formation. A part ça, c'est hériter de moitié pour les filles sunnites et ne pas avoir la possibilité de divorcer pour les filles maronites. C'est de ne pas pouvoir devenir ambassadeur si le quota pour les grecs-orthodoxes est déjà rempli, ou même directeur général dans les ministères. Si vous êtes Bahaii, laissez tomber, vous êtes "tellement" minoritaire que vous n'êtes jamais pris en compte même si vous excellez dans la matière des réformes d'Etat.
- Patriarche, oulémas et hommes de religion dans la construction d'Etat
Ils ont toujours été là, au premier rang. La présence et le rôle du Patriarche Hoyek lors des accords de Versailles en 1919 en dit long sur la création du Grand Liban, qui se dessinait comme la terre des chrétiens d'Orient dans la région. Oups, aucun calcul démographique à moyen et long termes n'avait été fait. "Le Liban est un message" répèteront chrétiens et musulmans libanais en chœur après la visite du pape. Il me semble qu'ils l'aient pris au premier degré, Jean-Paul II, du coup, entre message et action, une éternité s'est imposée. En tous cas, ça fait bien marré les diplomates en poste à Beyrouth, comme un ami, ce jeune consul de Colombie qui, à un certain moment de la journée Barbecue-Arak dans le sud à 10 minutes de la frontière fait un trip sur "le Liban est un message... message...", exemple:
"- Dis-moi amie libanaise, c'est quoi le message du Liban?
- Euh, la coexistance (hehehe), la tolérance (sourire cynique) etc.
- Es-tu sure que ça ne serait pas le fait de risquer sa vie tous les jours entre accidents de voiture mais qu'on s'en fout ? Hahaha
- Hahaha, oui, ici tu vis chaque jour comme si c'était ton dernier !
- Hahaha, je crois qu'il est là le message !!!!"
"- Dis-moi amie libanaise, c'est quoi le message du Liban?
- Euh, la coexistance (hehehe), la tolérance (sourire cynique) etc.
- Es-tu sure que ça ne serait pas le fait de risquer sa vie tous les jours entre accidents de voiture mais qu'on s'en fout ? Hahaha
- Hahaha, oui, ici tu vis chaque jour comme si c'était ton dernier !
- Hahaha, je crois qu'il est là le message !!!!"
- Le faux rôle auto-proclamé du patriarche: Veiller à l'unité du Liban, contre-exemple édifiant:
Bien sûr, prendre partie dans une guerre fratricide est aujourd'hui analysée comme une volonté d'unir les libanais. Bien sûr! En partant de là, il est clair que le Patriarche ait son mot à dire en politique. Et de plus en plus avec le temps, parce qu'on ne devient pas sénile après 85 ans, que nenni! Le gâchis issu de ces dernières décennies efface malheureusement les luttes des anciens Patriarches. Il est bon de rappeller que les premiers chefs religieux de l'Eglise maronite ont dû se cacher dans des grottes creusées dans les vallées de Qannoubine, des années durant, pour échapper aux diverses persécutions. Plus tard, c'était (entreautres) grâce à la famille féodale Al-Khazen que des fortunes ont pu être amassées, sur le dos des paysans du Keserwan. Aujourd'hui, c'est dans l'opulence et le luxe que l'Eglise maronite évolue, surtout au gré des ventes de terrains ancestraux à des prix inimaginables et la rentabilisation des tribunaux qui permet à ces gens de nous représenter contre notre volonté et à faire des sous en plus avec. Il est désormais certain qu'il existe une différence entre la micro-identité maronite (les habitants de la montagne libanaise et des mini-régions alentours), et l'Eglise maronite en soi.
- La menace d'ex-communion comme une mise en garde politique:
Pour ceux qui se demandent que vient faire un Patriarche dans les affaires crapuleuses du temporel, l'évêque Bechara El Raï n'a pas hésité à monter au créneau il y a quelques temps: ex-communion pour tous ceux qui critiquent la politique de l'Eglise maronite. Parce qu'à la base, il faut comprendre que la politique n'est pas que le concert des dirigeants civils, mais aussi des bénis de Dieu. Que l'éternel qui se mêle du temporel, c'est plus que normal, évidemment !
- Conséquences sur la communauté maronite:
Déchirée? Oh non, quel blasphème!
- Conclusion: pourquoi il faut supprimer sa confession de son état civil:
Parce que c'est l'une des méthodes les plus fortes et les plus criantes du désespoir de la population et de son besoin de trouver un nouveau système/régime politique qui puisse tenir toutes ces petites m***** qui crient à la peur de l'épuration ethnique toutes les deux minutes. Comme ça, on t'en voudra pas parce que tu es chiite, sunnite ou maronite, mais juste parce que t'es con. Parce qu'on s'en foutra que tu sois une plus petite ou une plus grande minorité. Parce qu'il est inimaginable que tu donnes à la religion ce qui est du ressort de l'Etat républicain que tu proclames si fièrement devant tes collègues arabes. Parce que ta naissance, ton mariage, ton héritage, et le partage des terres familiales, bref ta vie, tu as bien envie que ça soit l'Etat qui en soit responsable, et non ta confession, et parce que tu ne devrais pas être obligé de te convertir à l'Eglise syriaque orthodoxe pour pouvoir divorcer juste parce que tu n'as pas assez de sous pour payer un juge maronite capable de contourner le droit canonique pour quelques milliers de dollars...
Conclusion 2: Pourquoi ce n'est pas suffisant et pourquoi le débat mérite une plus large place dans l'opinion publique
Parce que tout se gère entre hommes de religion et hommes politiques. Parce qu'il existe même un homme politique qui est aussi un homme de religion et que c'est tout de même emmerdant puisqu'on ne peut même pas le critiquer librement sans se méfier de représailles violentes. Même des hommes qui n'ont rien à voir avec la religion, et s'ils étaient un temps soit peu religieux ils n'auraient pas amassés des fortunes avec la drogue et les armes, se targuent d'avoir défendu leur religion. Parce que ceux qui ont une vision d'eux-même en assimilation avec notre environnement sont pris pour des fous. Ces faux-défenseurs de la Chrétienneté et du Maronitisme ne cherchent même pas à relier leur foi avec les lieux où a vécu Saint Marron, fondateur du rite. (Bouuuh c'est en Syrie, nous on est maronites, mais on s'en fout de la tombe de Saint Marron et des Eglises en ruine même si le 9 février sa fête est une journée fériée). Quant aux autres, certains comme le célèbre Mufti Jouzou n'hésitent pas à "keffariser" ses propres co-religionnaires et à considérer ouvertement toutes les autres confessions (chrétiens et chiites), d'inférieures. Tous, TOUS, nous gardent prisonniers de ce raisonnement.
Donc, si nous voulons discuter d'une certaine vision laïque, on est d'abord descendus par les petits minables défenseurs des intérêts de rester divisés à tous les niveaux, puis carrément mis à l'écart de tout potentiel de pouvoir de la part des décideurs eux-mêmes qui préfèrent se partager le gâteau, comme toujours.
Alors même qu'on réussit à enlever notre confession de notre Etat civil, on se retrouve dans un autre problème de participation. Vu qu'on appartient plus à aucune minorité, on ne peut plus faire valoir notre place au sein de la Haute fonction publique (puisque tout est divisé مناصفة moitié moitié). Est-ce qu'on est donc condamnés à être confessionnalisés, toujours ?
يا زمان الطائفية
طائفية وطائفيك
Conclusion 2: Pourquoi ce n'est pas suffisant et pourquoi le débat mérite une plus large place dans l'opinion publique
Parce que tout se gère entre hommes de religion et hommes politiques. Parce qu'il existe même un homme politique qui est aussi un homme de religion et que c'est tout de même emmerdant puisqu'on ne peut même pas le critiquer librement sans se méfier de représailles violentes. Même des hommes qui n'ont rien à voir avec la religion, et s'ils étaient un temps soit peu religieux ils n'auraient pas amassés des fortunes avec la drogue et les armes, se targuent d'avoir défendu leur religion. Parce que ceux qui ont une vision d'eux-même en assimilation avec notre environnement sont pris pour des fous. Ces faux-défenseurs de la Chrétienneté et du Maronitisme ne cherchent même pas à relier leur foi avec les lieux où a vécu Saint Marron, fondateur du rite. (Bouuuh c'est en Syrie, nous on est maronites, mais on s'en fout de la tombe de Saint Marron et des Eglises en ruine même si le 9 février sa fête est une journée fériée). Quant aux autres, certains comme le célèbre Mufti Jouzou n'hésitent pas à "keffariser" ses propres co-religionnaires et à considérer ouvertement toutes les autres confessions (chrétiens et chiites), d'inférieures. Tous, TOUS, nous gardent prisonniers de ce raisonnement.
Donc, si nous voulons discuter d'une certaine vision laïque, on est d'abord descendus par les petits minables défenseurs des intérêts de rester divisés à tous les niveaux, puis carrément mis à l'écart de tout potentiel de pouvoir de la part des décideurs eux-mêmes qui préfèrent se partager le gâteau, comme toujours.
Alors même qu'on réussit à enlever notre confession de notre Etat civil, on se retrouve dans un autre problème de participation. Vu qu'on appartient plus à aucune minorité, on ne peut plus faire valoir notre place au sein de la Haute fonction publique (puisque tout est divisé مناصفة moitié moitié). Est-ce qu'on est donc condamnés à être confessionnalisés, toujours ?
يا زمان الطائفية
طائفية وطائفيك
1 commentaire:
grosso modo, je suis content d'être chrétien non maronite :p
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