mercredi 21 octobre 2009

Liban: Membre non-permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU

Qui a réussi à trouver plus de deux articles consacrés à cette nouvelle joyeuse?

Décidément, les médias ont quelque part minimisé l'importance de l'information qui consacre une nouvelle place au Liban sur la scène internationale. Alors que la diplomatie est la clé du pouvoir, les libanais n'en ont pas trop parlé dernièrement. Quel dommage!

Le Liban a donc remplacé le Vietnam la semaine dernière comme représentant du groupe Asie au sein du Conseil de Sécurité de l'ONU. Les cinq Etats candidats ont été plébiscités faute de concurrents dans les zones géographiques respectives.

La Bosnie, le Brésil, le Gabon, le Liban et le Nigéria sont les heureux pays qui auront à siéger dans la cour des grands. Mis à part le Brésil et le Nigéria, considérés comme des plus importants pays dans leurs continents, la Bosnie, le Gabon et le Liban sont plutôt similaires compte-tenu de leur petite taille et leur histoire maculée de sang et de guerres relativement inutiles. Les thèmes "inter-culturel, inter-ethnique, inter-religieux" nous sautent aux yeux lorsqu'on voit ces trois Etats sur une même table. Comme le souligne l'IRIS, "L’élection de ce nouveau quintette permet de mettre en lumière de nouveaux enjeux en terme de maintien de la paix."

Près de dix jours après l'annonce de la nouvelle, j'ai réussi tant bien que mal à en retrouver des traces minimes dans les dépêches et quotidiens français. L'Orient Le Jour offre une analyse si importante qu'elle est devenue payante. C'est bien gonflé. Mais revenons à nos moutons.

Cette "nomination", est bel et bien à double tranchant. D'une part, elle permet au Liban de se positionner sans "l'aide" de quiconque sur la scène internationale pour les deux années qui suivent. L'équipe permanente des diplomates aura une marge de manœuvre plus importante que d'habitude et j'espère que cela se répercutera positivement à l'égard des causes que le Liban défend et des résolutions violées sur son sol. Le but idéal que je propose à cette équipe, c'est de faire valoir son droit et prouver que la violence n'engendre que la violence et qu'il ne faut pas chercher à comprendre pourquoi le Hezbollah, entendu comme résistance, est toujours armé jusqu'aux dents s'il y a des dizaines de violations quotidiennes de l'espace maritime, aérien et même terrestre du territoire libanais.

D'autre part, le Liban devra être en mesure de prendre des positions à l'égard d'un bon nombre de conflits ailleurs dans le monde, de participer à la rédaction de résolutions du conseil de sécurité, de pouvoir négocier un certain nombre de choses concernant la région, et donc de jouer dans la cour des grands. Le premier et plus important inconvénient pour nous, individus lambda dans notre société, c'est que nous ne savons pratiquement rien à propos de notre délégation. Aucun travail journalistique de recherche n'a été produit pour savoir qui sont les membres de cette délégation, ou même leur stratégie d'action et leurs priorités. A part l'ambassadeur permanent, Nawaf Salam, je n'ai aucune idée des noms des autres diplomates présents de façon permanente ou même temporaire au siège de l'ONU.

Et c'est là où se trouve le nœud principal. Il aurait été intéressant de connaitre un peu plus nos diplomates inconnus, leurs formations, leurs ambitions et surtout leurs capacités à fédérer autour d'eux un maximum de personnes. Et puisque nous nous accordons sur l'idée qu'un changement peut s'avérer possible à l'intérieur même des sphères de pouvoir, je trouve que l'ombre autour des personnes faisant partie de la délégation est un acte délibéré, permettant, à ceux qui détiennent ce pouvoir, de le garder le plus longtemps possible. S'ils ne sont pas des enfants des personnalités connues, les membres de la délégation sont peut-être l'élite que nous aimerions voir à la place des politiciens actuels. J'aimerais par la même occasion croire que ces personnes ne sont pas issus des pistons quasiment institutionnalisés au ministère des affaires étrangères. Voilà les raisons pour lesquelles nous devrions connaitre un peu plus les membres de notre délégation.

C'est curieux que personne ne se soit penché sur cette question.

dimanche 18 octobre 2009

Ecrire plus souvent... Pourquoi pas!

J'aimerais bien pouvoir consacrer un peu plus de temps à ce blog. Mais lorsque j'y pense, je me demande quelle serait bien la raison pour laquelle je perderais mon temps à y laisser mes impressions sur les différentes attitudes de mes chers compatriotes ici ou là... Eux pour qui l'histoire n'est ni linéaire ni chaotique, mais bien circulaire...

Il est vrai que le nombre de blogs libanais continue de croître, et ce, dans toutes les langues que nous chérissons. La blogosphère s'étoffe, diraient les uns... Je dirais que la blogosphère commence à peu près à reproduire les mêmes shémas socio-politiques qui existent dans le pays, à commencer par le choix de la langue qu'on donne à nos blogs.

Créé en 2005, le lendemain du satané 4 juin, mon blog avait pour but de crier toute la rage du monde qui jaillissait de mon coeur avec la puissance inconsciente d'une jeune désillusionnée. Une sorte de canalisateur de frustrations politiques, et de catalyseur d'évènements qui ne fait que prouver l'incompétence, la nôtre, de sortir de la logique de guerre face à la construction d'un Etat de droit qui ressemblera tout au plus à un gouvernement de féodaux du Moyen-Age et d'autres paysans ayant pu se hisser au rang de Criminel National.

Relativisant mes prises de position politique selon qu'on soit en état de guerre ou de calme relatif, je suis arrivée en ce moment à un niveau d'apathie généralisé. Si on n'a jamais pu discuter au calme avec un partisan FL, on peut de moins en moins le faire avec un aouniste, et on considère encore et toujours Samir comme rien qu'un gauchiste pro-palestinien alors que ces textes de 2005 devraient faire office de bible pour tous ceux et celles qui appartiennent à l'esprit du 14 mars.

Que de textes m'ont permis de montrer la différence, entre l'esprit du 14 mars, et ce qu'on voit aujourd'hui, un simulacre de rassemblement politique... J'ai toujours en tête l'écho de la voix de mon frère qui m'a dit, le 13 mars 2005: "Tu verras, ils ne feront rien, tu te donnes à fond et tu t'en morderas les doigts de regret".

C'est vrai, j'estime que je me suis donnée à fond. J'étais élue dans le bureau de l'Amicale des étudiants, je participais à toutes les réunions préparatoires aux grandes manifestations et sit-in qui s'en est suivi.... Je séchais les cours, qui ne comptaient plus d'ailleurs que deux étudiants tout au plus, sans oublier l'absence de certains professeurs eux-mêmes engagés dans cette frénésie nationale. Je mangeais les sandiwichs distribués par Nora Joumblatt et "Al moujtamaa al madani", plus connus aujourd'hui sous le nom de Amam 05, qui ont quand même réussi à aspirer toutes les aides envoyées par l'extérieur pour notre sit-in.

J'en ai écris des masses, et j'ai l'impression que je ne cesserais jamais de revenir sur cette époque, en retrospective, juste pour réaliser, pour une ènième fois, à quel point on a été cons de croire qu'ils allaient nous suivre à nous.

Ensuite, il y a eu la guerre.

C'est là où j'ai vraiment et profondément pris conscience que le Hezbollah rassemblait à lui seul le tiers du pays, territoire et population, et qu'il fallait donc peut-être arrêter de le diaboliser, et négocier un moyen de régler les différends qui existent, si on cherche vraiment à sortir de cette dynamique stérile et d'ailleurs externe. Mais comment? Je n'en sais rien, si on continue de se taper dessus sur des histoires qui datent du siècle dernier...

Et puis revenons à cette histoire... Incomprise, inconnue, celle où 3 versions peuvent encore coexister aujourd'hui dans un pays qui ne l'a toujours pas dépassée. En termes sciences poteux, la Réconciliation nationale ne peut être déclenchée que par un effort de compréhension et de rédaction de l'histoire telle qu'elle s'est déroulée: comités locaux, historiens engagés (dans le souci de la véracité de l'histoire évidemment), anciens responsables politiques, militaires et miliciens qui pourraient enfin produire une bonne chose pour le pays... Et puisque notre histoire reste non-écrite (ou écrite mais non "certifiée", en référence au dernier ouvrage de Fawwaz Trabelsi), la Réconciliation tarde à arriver, même 20 ans après la fin de la guerre.

Du coup, tout le jeu politique s'y retrouve faussé, toutes nos analyses, et tous les commentaires haineux de tous les blogs libanais aussi.

2007, 2008, 2009... Les coqs continuent de chanter sur leurs amas (respectifs) d'ordures... La propagande se poursuit de plus belle, et le cercle vicieux aussi.

Alors écrire plus souvent, "Oui, il le faut ! Ja, es muss sein !" ;)

Pour rappeller à mes amis, connaissances et environnement lointain qu'on s'est fait prendre comme des lapins, que je ne le répèterais jamais assez, mais qu'il n'est jamais trop tard de faire preuve d'initiative (y a quelqu'un?)
Pour dire aux autres que les libanaises sont plus que de simples pintades, et que la jeunesse n'est pas que dorée (bien qu'elle soit tout autant insoutenablement légère)
Pour se libérer du fardeau de l'inconscience politique de certains
Pour hurler au monde occidental que les "pro-occidentaux et démocrates" du 14 mars sont loin d'être démocrates et qu'il est temps pour des dizaines de partis de se dissoudre par eux-mêmes pour d'innombrables raisons...
Pour se rappeller de temps en temps de la définition du mot "anticonstitutionellement"
Pour condamner Israël jusqu'à nouvel ordre, mais pas les juifs, et qu'il faut toujours savoir faire la différence en dépit du fait qu'Israël ne le permette pas en considérant tous les juifs du monde comme sa diaspora,
Pour chercher l'odeur du jasmin dans ma ville,
Pour ne pas oublier mon prof.

Mais que c'est triste d'avoir cet air mélancolique alors que je fête mes 24 ans demain.... Alors, c'est fini les rétrospectives, les souvenirs, les malheurs, les frustrations. On n'est pas sortis de l'auberge si la jeunesse n'arrête pas de se plaindre. Donc, dès demain, je tenterais d'être un peu plus constructive, de faire évoluer les problématiques vers des débats anti-conformistes de préférence.

D'ailleurs, voilà pour terminer, une excellente façon de passer à autre chose: un très sérieux ouvrage sur les pintades à Beyrouth!!

Présentation de l'éditeur: "À Beyrouth, les pintades ont du vent dans les voiles, des talons à flanquer le vertige à l'aiguille du Midi, des griffes manucurées en toute saison. Ici, être belle est un devoir. Jonglant habilement entre toutes les influences culturelles, elles chérissent leurs mezzés autant que leurs smoothies. Et quand elles ont fini de se demander qui elles sont exactement (chiites ou maronites, de la montagne ou de la plaine, du Nord ou du Sud), elles se retrouvent sur la Corniche, sur le front de mer, pour voir autant que pour être vues. Émancipées et pleines de tabous, féminines et militantes, superficielles et courageuses, les habitantes de Beyrouth sont pétries de contradictions. Femmes soumises, les Libanaises ? Vous repasserez. Les Pintades du Levant vont vous ébouriffer les plumes. Et vous pourriez même décider d'en prendre de la graine (de boulgour). Une pintade n'est ni une poule ni une dinde, ni même une caille, et certainement pas une bécasse, mais le symbole de la femme d'aujourd'hui, sérieuse et frivole à la fois. Dans une ville sous tension qui risque de déraper à tout moment, être une pintade est une déclaration de guerre à la guerre."

Je cours l'acheter!

dimanche 4 octobre 2009

Pity the expat

Pity the expat
By Maurice Obeid
Naharnet, October 2nd.

This summer was a remarkable one for Lebanon. Through prevailing peace and the return of many native sons and daughters, Lebanon seemed to be experiencing renaissance.


Behind this rebirth lies a sobering reality. As September drew to an end, most of the thousands of young expats that flocked to Lebanon for the summer left the country. Like me, the expat returns to his life in a land far away. Though envied by his compatriots at home for the generous opportunities in richer and more stable countries, this Lebanese silently suffers. His prize is economic opportunity. The cost, however, is separation from loved ones and from a place he calls home.

An estimated 20,000-40,000 Lebanese leave the country of 4 million every year. Most are students or young professionals seeking what Lebanon fails to offer: economic opportunities in a stable environment. A lot has been said about the effect of brain drain on the country, but few think about the plight of the emigrating youth. They too suffer as a result of their ambitions. Most would prefer to remain with loved ones, yet they end up aliens abroad.

For the young expat, the dilemma is painstakingly familiar: he sits at the airport waiting for a connecting flight to Europe or America, wondering whether he is committing a huge mistake. Is it worth leaving his people, his culture, and his family behind in search for opportunity? This is not his first time leaving home. In fact, he has been shuttling back and forth for many years now. Yet he cannot explain why his throat still throbs and why he has to fight back tears each time he leaves. Though surrounded by many, he is completely alone.

The emigrant's plight is a tale of schizophrenia. For years, he attempts to integrate into the new culture. Though he now shares experiences with his new cohort, he lacks a shared sense of identity. On many an occasion, he is reminded that he is an outsider, an alien. Meanwhile, as he acclimates to the norms of the host country, he becomes rusty with the customs of his native home. He has one foot abroad, one foot at home. Neither is enough to ground him anywhere. In essence, he becomes an outsider in both countries. That is the "dissociative" state of being torn between two places.

The irony is that the emigrant knows his clock is ticking. The longer he stays abroad, the harder it is for him to return home. The opportunity cost of leaving everything behind soars, and the risks rise. It becomes difficult to forego his professional standing, which he sacrificed so much to achieve, for an outcome that is uncertain. Lebanon's political instability clouds his opportunity for decent economic gain. He could accept a mediocre job or start something from scratch. The risk of failure, however, is high as dictated by a fragile and primitive business environment. There is also no guarantee that his experience abroad will be of any use at home. Lebanon thus becomes a bittersweet memory, an ache in his heart.

The emigrant's struggles are further exacerbated by the stigma of carrying the Lebanese passport. In the new world order defined by the events of September 11, the Lebanese migrant is less than welcomed by custom officials in Western countries. In American airports, he is labeled "special registrant," which entails additional searches, longer waits, and inquisitive cross examinations by unwelcoming and sometimes disrespectful officers. As the West evaluates its immigration policies, the Lebanese emigrant continues to struggle to find a new home in lands that seem to no longer welcome him.

Who is to blame for the struggles of the young emigrant? The home country for creating the conditions for emigration? Globalization for making the process easier? Or the emigrant's own ambitions for wanting what was not offered at home?

While the answer is probably a combination of all three, this reality, ultimately, is a plea to our politicians. In the new rounds of negotiations, may they genuinely attempt to form a government that maintains a seeming perception of political stability. The slightest efforts in that direction could create economic opportunities that obliterate much of the conditions for emigration and encourage émigrés to return. May their conscience remind them that young souls the age of their sons and daughters are being forced to leave their loved ones every day. They are the foregone future leaders that Lebanon so desperately needs. Their struggle is the country's struggle. Their loss of a homeland is the country's loss of its future.