En 2002, sous l'effet de l'adolescence et de l'effort à se rebeller contre mes parents, j'ai connu LA cause socio-politique.
Elle était belle, majestueuse, grandiose. Elle avait un sens, était déterminante pour notre vie quotidienne. Pour ceux qui en étaient conscients, elle était à défendre sans concession aucune, ne laissant pas de libre choix à des variantes. Pour ceux qui se battaient pour elle, elle donnait un sens à leur existence. Dans un pays où l'appareil sécuritaire ressemblait étrangement à l'appareil soviétique (c'était surtout celui du voisin), c'était frôler l'arrestation arbitraire, casser les tabous, risquer de disparaître d'un moment à l'autre. Même pour une adolescente.
Car là était le thème de cette cause si chère à tous les peuples de la terre: la SOUVERAINETE.
Oui mais là, on est bien souverains, grâce à notre cher ancien Premier ministre assassiné. On a gagné notre souveraineté et on a voté (contre cash bien sur) en 2005, comme on votera (toujours contre cash - cette fois un peu plus) en 2009. On a bien rentabilisé toutes ces années d'occupation atroce, de coups bas et de haine contre les syriens.
Les manifestations de rêve, les millions de personnes dans la rue... Evidemment. Quelle joie. Quelle victoire.
Aujourd'hui, la leçon est bien assimilée. Nul peuple ne peut imposer sa propre souveraineté. Surtout quand il choisit des débiles mentaux pour les guider. Entre seigneurs de guerre et enfants d'anciens politiciens, pas beaucoup de choix. Ailleurs, ceux qui se sont vraiment battus contre l'occupation syrienne ne lui en veut plus tellement. D'autres, qui n'avaient aucun problème entre 90 et 2005, qui faisaient du commerce, montaient des fortunes, se montrent aujourd'hui encore plus virulents que ceux qui sont partis et ne sont même plus revenus au pays... Au lieu de mettre une fois pour toutes les points sur les i pour pouvoir avancer et construire un Etat, on se lamente encore, on refuse d'ouvrir le débat avec la Syrie. Quel pays oublie des années d'horreur pour l'assassinat d'une seule personne!? Quel pays ne tente pas d'écrire une seule histoire de sa guerre, n'essaye pas de se réconcilier avec son seul voisin "ami" en ouvrant avec arrogance les dossiers du passé pour mieux s'en sortir?! Ce n'est donc pas étonnant que certains aillent quand même de l'avant. Le rêve se fracasse en dix mille morceaux. Ou plutôt, le rêve reste un rêve et ne transforme plus jamais en réalité, même pas pour un moment, une illusion.
Alors bien sûr, avec cette complexité qu'aucun analyste politique ne pourra bien cerner, on réalise que ce n'est pas vraiment pour ça qu'on s'est battus. C'est quand même inquiétant de voir des gens qui soutiennent encore les mêmes personnes, contre toute logique humaine, possible et imaginable. Renflouer la haine contre les syriens (ou n'importe qui) permet de rassembler les foules, alors que le débat intérieur doit être autour de la construction d'Etat. Et avec un peu de sous, ça permet aussi de gagner des élections.
Aujourd'hui, ce ne sont plus des naturalisés bédouins qui crient dans un bureau de vote "3alanan 3alanan Mirna El Murr", mais c'est bien des libanais, certains très aisés, qui iront jusqu'à voter à un pauvre con juste parce qu'il est le fils d'un grand seigneur de guerre. Ca sera "3alanan 3alanan Nadim Gemayel", un petit gâté qui a décroché un diplôme de droit de je-ne-sais-où et qui est rentré au Liban "parce que sa maman le lui a demandé" (véridique).
Et on se demande quel genre de cause on peut encore soutenir dans ce pays?
Pour mieux conscientiser le peuple, il est important de passer par des étapes sociales très critiques et délicates. Une cause, c'est avant tout se remettre en cause, casser le tabou, revenir sur nos échecs, les repenser et oeuvrer en faveur une solution. Avec un air très social, une cause peut tout autant être très politique, donc, pourquoi pas? Surtout lorsqu'une cause touche au mal-être d'une bonne proportion de gens...
Etre GAY au Liban.
Plus que juridique, la bataille est bien socio-politique. Et bien que le code pénal ne soit plus utilisé de nos jours pour renforcer la "moralité" des personnes qui sont ouvertement homosexuelles, il n'est pas évident pour tout un chacun de vivre comme il le souhaite. On l'a d'ailleurs bien dit, Samedi dernier, au cours de la première manifestation contre la violence encourue par les LGBTIQs (Lesbians, gays, bisexuals, transgender, intersex, queer).
Comme quoi il est plus simple de voir deux hommes tenir des armes dans la rue que de les voir se tenir la main. Et comme quoi la violence est toujours plus facile que la paix. Bon c'est un peu loin des causes grandes et inaccessibles, mais justement, autant voir si une cause comme celle-ci pourra au moins aboutir à changer les esprits dans le pays!
Une vidéo très révélatrice nous vient d'un reporter AFP. Un résumé de la petite manifestation qui voit le débat exploser dans la blogosphère et dans la société. A peine 200 personnes réunies calmement un samedi après-midi, et voilà ce que ça donne à Beyrouth. Une belle bataille se livre à nous, alors, gagnons-là (pas comme toutes les autres batailles).
Essayons de le faire pendant que Ziad Baroud est encore ministre de l'intérieur (?) :)
Elle était belle, majestueuse, grandiose. Elle avait un sens, était déterminante pour notre vie quotidienne. Pour ceux qui en étaient conscients, elle était à défendre sans concession aucune, ne laissant pas de libre choix à des variantes. Pour ceux qui se battaient pour elle, elle donnait un sens à leur existence. Dans un pays où l'appareil sécuritaire ressemblait étrangement à l'appareil soviétique (c'était surtout celui du voisin), c'était frôler l'arrestation arbitraire, casser les tabous, risquer de disparaître d'un moment à l'autre. Même pour une adolescente.
Car là était le thème de cette cause si chère à tous les peuples de la terre: la SOUVERAINETE.
Oui mais là, on est bien souverains, grâce à notre cher ancien Premier ministre assassiné. On a gagné notre souveraineté et on a voté (contre cash bien sur) en 2005, comme on votera (toujours contre cash - cette fois un peu plus) en 2009. On a bien rentabilisé toutes ces années d'occupation atroce, de coups bas et de haine contre les syriens.
Les manifestations de rêve, les millions de personnes dans la rue... Evidemment. Quelle joie. Quelle victoire.
Aujourd'hui, la leçon est bien assimilée. Nul peuple ne peut imposer sa propre souveraineté. Surtout quand il choisit des débiles mentaux pour les guider. Entre seigneurs de guerre et enfants d'anciens politiciens, pas beaucoup de choix. Ailleurs, ceux qui se sont vraiment battus contre l'occupation syrienne ne lui en veut plus tellement. D'autres, qui n'avaient aucun problème entre 90 et 2005, qui faisaient du commerce, montaient des fortunes, se montrent aujourd'hui encore plus virulents que ceux qui sont partis et ne sont même plus revenus au pays... Au lieu de mettre une fois pour toutes les points sur les i pour pouvoir avancer et construire un Etat, on se lamente encore, on refuse d'ouvrir le débat avec la Syrie. Quel pays oublie des années d'horreur pour l'assassinat d'une seule personne!? Quel pays ne tente pas d'écrire une seule histoire de sa guerre, n'essaye pas de se réconcilier avec son seul voisin "ami" en ouvrant avec arrogance les dossiers du passé pour mieux s'en sortir?! Ce n'est donc pas étonnant que certains aillent quand même de l'avant. Le rêve se fracasse en dix mille morceaux. Ou plutôt, le rêve reste un rêve et ne transforme plus jamais en réalité, même pas pour un moment, une illusion.
Alors bien sûr, avec cette complexité qu'aucun analyste politique ne pourra bien cerner, on réalise que ce n'est pas vraiment pour ça qu'on s'est battus. C'est quand même inquiétant de voir des gens qui soutiennent encore les mêmes personnes, contre toute logique humaine, possible et imaginable. Renflouer la haine contre les syriens (ou n'importe qui) permet de rassembler les foules, alors que le débat intérieur doit être autour de la construction d'Etat. Et avec un peu de sous, ça permet aussi de gagner des élections.
Aujourd'hui, ce ne sont plus des naturalisés bédouins qui crient dans un bureau de vote "3alanan 3alanan Mirna El Murr", mais c'est bien des libanais, certains très aisés, qui iront jusqu'à voter à un pauvre con juste parce qu'il est le fils d'un grand seigneur de guerre. Ca sera "3alanan 3alanan Nadim Gemayel", un petit gâté qui a décroché un diplôme de droit de je-ne-sais-où et qui est rentré au Liban "parce que sa maman le lui a demandé" (véridique).
Et on se demande quel genre de cause on peut encore soutenir dans ce pays?
Pour mieux conscientiser le peuple, il est important de passer par des étapes sociales très critiques et délicates. Une cause, c'est avant tout se remettre en cause, casser le tabou, revenir sur nos échecs, les repenser et oeuvrer en faveur une solution. Avec un air très social, une cause peut tout autant être très politique, donc, pourquoi pas? Surtout lorsqu'une cause touche au mal-être d'une bonne proportion de gens...
Etre GAY au Liban.
Plus que juridique, la bataille est bien socio-politique. Et bien que le code pénal ne soit plus utilisé de nos jours pour renforcer la "moralité" des personnes qui sont ouvertement homosexuelles, il n'est pas évident pour tout un chacun de vivre comme il le souhaite. On l'a d'ailleurs bien dit, Samedi dernier, au cours de la première manifestation contre la violence encourue par les LGBTIQs (Lesbians, gays, bisexuals, transgender, intersex, queer).
Comme quoi il est plus simple de voir deux hommes tenir des armes dans la rue que de les voir se tenir la main. Et comme quoi la violence est toujours plus facile que la paix. Bon c'est un peu loin des causes grandes et inaccessibles, mais justement, autant voir si une cause comme celle-ci pourra au moins aboutir à changer les esprits dans le pays!
Une vidéo très révélatrice nous vient d'un reporter AFP. Un résumé de la petite manifestation qui voit le débat exploser dans la blogosphère et dans la société. A peine 200 personnes réunies calmement un samedi après-midi, et voilà ce que ça donne à Beyrouth. Une belle bataille se livre à nous, alors, gagnons-là (pas comme toutes les autres batailles).
Essayons de le faire pendant que Ziad Baroud est encore ministre de l'intérieur (?) :)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire