Le 13 Octobre au Liban est une date inoubliable au Liban.
Tout d'abord, c'est la date que tous les politiciens de l'époque aimeraient oublier et effacer de la mémoire de leurs compatriotes. Ensuite, cette date nous rappelle les prisonniers libanais dans les gêoles syriennes. Et enfin, le 13 octobre est une journée très triste dans ma vie personnelle.
Mais avant tout, le 13 octobre 1990 advint ce qui n'aurait jamais dû advenir: l'entrée des troupes syriennes au palais présidentiel libanais à Baabda et l'établissement de la Pax Syriana. Le général Michel Aoun, alors Premier Ministre en intérimaire, menait une bataille d'honneur contre les forces d'occupation. Le 13 octobre 1990, les troupes syriennes et les forces libanaises (alliés tacites), Emile Lahoud, les forces progressistes, Amal et d'autres, ont mis fin à la "guerre de libération", guerre sans succès dès le départ.
Tout le monde se rappelle, comme bon lui semble, les évènements de cette journée fatidique. Je ne me rappelle que des abris, mais je me bats aujourd'hui pour les officiers, soldats, et prêtres qui rotissent encore quelque part dans une prison syrienne.
Qu'ont fait les forces actuelles du 14 Mars pour sauver ce qui restait d'un honneur patriotique? Après que l'armée syrienne ait écrasé l'armée libanaise, pillé les maisons et tué des innocents, qu'est-ce que ces leaders qui représentent la ligne souverainiste ont fait à cette époque??? Walid Joumblatt soutenait l'armée syrienne, Samir Geagea préférait l'occupation plutôt que Michel Aoun, Nassib Lahoud était tranquille à New York, Hariri gardait son silence en attendant son heure venir, Carlos Eddé était au Brésil, Elias Atallah était insignifiant (et l'est toujours)...
Qui parle de forces souvrainistes??? Dans la mesure où l'on peut comprendre qu'ils n'aient pas pu prendre d'autres prises de position... Pourquoi ne parlent-ils pas du 13 Octobre? Pourquoi n'admettent-ils pas que c'est leur silence et leur accord qui a donné aux syriens ces 15 années de contrôle absolu...
Mais j'oubliais... Durant ces 15 années, combien de contrats ont-ils été signés avec nos chers politiciens du 14 Mars qui défendent le Liban libre et indépendant? Peut-on même imaginer les fortunes collossales qui ont été montées pendant ce temps-là?
Entre amasser des fortunes et l'honneur d'avoir défendu l'indépendance de son pays, tout le dilemme du 14 Mars est là. Et tous ont choisi le premier choix. 1990s ou 2000s, ils prennent encore et toujours le premier choix.
Personne n'a rien dit, ce 13 octobre... Comme chaque année, la journée passe et personne ne fait part d'un quelconque remords de conscience. Ils ne peuvent même pas s'expliquer à l'opinion publique, alors comment peut-on leur exiger cette chose?!
Et l'Occident soutient, les forces démocratiques du 14 Mars, libres et souverainistes, les illuminés de la démocratie orientale, contre les forces obscures du 8 Mars, qui ressemblent à des montres et qui ne sont même plus des êtres humains! Ces forces démocratiques qui ont ouvert la porte aux troupes syriennes, qui n'ont pas bronché lors des tueries, assassinats, massacres et prises de prisonniers politiques. Celles-là même qui étaient au Parlement en 1992, en 1996 et en 2000. Celles qui ont été nommées par Rustom Ghazalé et Ghazi Kanaan. Celles-là sont les forces justes, ANTI-SYRIENNES par excellence.
Ces forces démocratiques du 14 Mars qui viennent de voter contre la réforme électorale des bulletins pré-imprimés pour limiter la fraude. Celles qui n'ont pas honte de dire: on vote contre les bulletins pré-imprimés pour qu'on puisse frauder à notre façon selon les situations. Celles qui votent contre le droit de vote aux 18 ans, contre les quotas féminins dans les listes électorales, contre la limitation du budget électoral des candidats.
Et l'Occident soutient.
Et le peuple libanais ne peut pas soutenir les forces du 14 Mars. Le peuple libanais devient iranien, syrien, traître... Bref toute une palette de synonymes... "Celui qui a une maison en verre ne devrait pas jeter des pierres chez son voisin". En plus, les israéliens ne comprennent jamais rien.
Et nous restons dans la merde.